Louise Landy et Paul Grappe se rencontrent avant la 1ère Guerre Mondiale. A peine sont-ils mariés que Paul part pour le front. Subissant l’horreur de la vie dans les tranchées et voyant ses camarades périr, Paul décide d’échapper à la guerre en se tranchant l’index de la main droite. Une fois son doigt cicatrisé, il doit retourner au front. Impossible, inimaginable, Paul devient déserteur. Louise et Paul vivent alors dans une petite chambre avec le salaire de couturière de la première. Paul tourne en rond, s’ennuie, boit de plus en plus. Un soir, il essaie les vêtements de sa femme et sort dans la rue. Voilà la solution pour retourner dans le monde ! Louise va aider son mari à devenir Suzanne, à lui trouver un travail. Mais Paul va finir par se prendre au jeu et va être véritablement Suzanne : une femme libre, rayonnante et passant ses soirées au bois de Boulogne. La vie de couple entre Louise et Paul devient vite très compliquée.
J’avais lu beaucoup de billets élogieux sur la bande-dessinée de Chloé Cruchaudet et le mien sera du même acabit. Le sujet est déjà passionnant et étonnant puisqu’il s’agit d’une véritable histoire. Paul a dû se cacher pendant dix ans avant que les déserteurs ne soient amnistiés. Quand on connaît la monstruosité de la 1ère Guerre Mondiale, on ne peut que comprendre son acte. A cet égard, il faut souligner la capacité de Chloé Cruchaudet à montrer l’horreur de la vie des soldats à travers les pages où Paul est au front mais également à travers les saisissantes images de ses cauchemars.
Subtilement, l’auteur nous montre le basculement de Paul qui peu à peu devient totalement une femme. Ce sont de petits détails qui nous le signalent : Paul dort en nuisette, se rase les poils du torse, reste habillé en femme lorsqu’il est dans l’appartement. Et durant toutes ces années, Louise est restée avec lui, amoureuse malgré tout de son homme. Leur relation passe de la tendresse à la violence, on sait dès le départ que leur histoire va mal se terminer mais entre ces deux-là l’amour est passionné, fiévreux. Chloé Cruchaudet étudie avec finesse ses deux personnages et rend parfaitement compte de la complexité de leur relation.
Enfin, il faut noter la beauté des dessins façon fusain, tout en nuance de gris et avec une utilisation particulièrement originale de la couleur (notamment le rouge signe de l’affirmation de la féminité).
« Mauvais genre » est une bande-dessinée particulièrement réussie de par la qualité de son intrigue et la beauté de ses dessins. A lire absolument !
Ton billet me rappelle que j’ai le mien qui dort sur ce roman graphique 😉 j’ai adoré ma lecture! Belle journée.
Cela fera un billet élogieux de plus sur cette BD, chouette !
incroyable histoire et les dessins posent tout de suite une ambiance, je trouve. Merci pour la découverte !
Je suis totalement d’accord avec toi, je trouve cette histoire complètement folle. Et elle est magnifiquement mise en valeur pour les dessins qui effectivement nous plongent immédiatement dans l’ambiance.
Elle est dans ma PAL, j’ai hate de la lire! Quels magnifiques graphismes
Très bon acquisition Catherine ! Tu vas te régaler !
A lire absolument, c’est ça ! Un gros coup de cœur pour moi, subtil et fin, comme tu dis.
Je me souviens très bien de ton billet, avec Stephie vous m’aviez vraiment donné envie de la lire. Je vous remercie d’ailleurs !
A la relecture, on redécouvre encore!
C’est un vrai bonheur cette BD, je l’ai relu tout de suite pour en profiter encore !
J’en avais dit beaucoup de bien aussi ! C’est une BD que j’adore !
Comme je te comprends, c’est une belle réussite que cette BD.
Je l’avais noté (alors que bon les BD ce n’est pas mon domaine) et il y avait eu ensuite une vague de billets très mitigés (2 qui me sont restés très en tête), qui parlaient d’une certaine crudité voire d’une vulgarité, un BD qui mettait mal à l’aise…du coup, depuis je tergiverse…Mais toi tu es enthousiaste punaise…un carton plein en somme….
Je n’ai pas vu les billets mitigés dont tu parles, je n’avais lu que des avis très positifs. Et je m’étonne des arguments employés car je n’ai vu aucune vulgarité dans cette BD. Une certaine crudité peut-être mais le sujet s’y prête notamment pour la vie dans les tranchées et les passages au bois. Mais cela correspond bien à l’ambiance de ces années d’après-guerre où les gens se lâchaient, se libéraient. De mon côté, c’est vraiment un sans faute, j’ai été séduite autant par l’histoire que par le graphisme.
Pingback: Mauvais genre – Chloé Cruchaudet | 22h05 rue des Dames
J’ai beaucoup aimé aussi !
Comme je te comprends, c’est une réussite cette BD !
oh, j’adore les dessins, merci cette découverte !
J’espère que tu vas aimer, le dessin et l’intrigue sont un régal.
J’avais bien aimé, les dessins sont effectivement percutants
Oui, les dessins sont vraiment très réussi et donne tout de suite le ton de l’histoire.