Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier

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Le jeune Philip Ashley a grandi auprès de son cousin Ambroise dans son domaine de Cornouailles. Les deux hommes sont très proches, Philip est amené à être l’héritier de son cousin. Ce dernier, en vieillissant, doit se rendre en Italie pendant l’hiver. C’est là-bas qu’il rencontre Rachel, une cousine éloignée. Et, à la grande surprise de Philip, ce vieux garçon d’Ambroise épouse sa cousine très rapidement. Philip voit d’un mauvais œil l’arrivée de cette inconnue dans la famille et dans le duo qu’il forme avec Ambroise. Et ce ressentiment se transforme en haine lorsque Philip apprend la mort d’Ambroise en Italie.

Le prologue de « Ma cousine Rachel » est remarquable et s’ouvre ainsi : « Dans l’ancien temps, l’on pendait les gens au carrefour des Quatre-Chemins. » L’idée d’un drame, d’une tragédie plane donc durant tout le roman. A qui s’adresse ce prologue ? Sur qui va s’abattre le destin ? Nous ne le saurons qu’à la toute fin du roman, Daphné du Maurier jouant avec les nerfs de son lecteur et réussissant à maintenir la tension jusqu’aux dernières pages.

« Ma cousine Rachel » est le roman du doute, de l’ambiguïté. Philip est l’unique narrateur de cette histoire. C’est par son prisme que nous découvrons et apprenons à connaître Rachel. Est-il un narrateur fiable ? Il est difficile de répondre positivement tant Philip se laisse emporter par sa fougue de jeune homme qui n’a quasiment rien vécu. Il passe de la détestation à la passion en peu de temps et sans aucune nuance. Notre vision de l’histoire est donc biaisée, nous n’avons aucun recul et cela nous plonge dans l’incertitude totale.

Il nous est donc impossible de nous faire un avis tranché sur Rachel, victime ou coupable ? C’est en tout cas un très beau personnage qu’a créé Daphné du Maurier. Rachel est fantasque, légère, dépensière et inconséquente. Mais elle sait également être généreuse, on le constate dans la très belle scène de Noël où elle distribue des cadeaux à chacun : amis, voisins ou domestiques. Les différentes facettes de Rachel nous questionnent tout au long du roman sans que l’on puisse déterminer avec certitude sa nature profonde. Et c’est vraiment la force du roman et l’intelligence de l’auteur que de nous laisser dans le doute et l’irrésolution.

« Ma cousine Rachel » démontre, s’il en était encore besoin, le formidable talent de conteuse de Daphné du Maurier et sa capacité à manipuler son lecteur tout au long du roman.

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28 réflexions sur “Ma cousine Rachel de Daphné du Maurier

  1. J’avais adoré Le général du roi et le recueil Les oiseaux. J’ai très envie de lire celui-ci et Rebecca bien sûr!

  2. Il est dans ma PAL. Après Rebecca, j’avais lu L’Auberge de la Jamaique qui m’avait déçu et je n’ose pas retenter l’aventure. Mais celui-ci semble vraiment pas mal !

    • « L’auberge de la Jamaïque » est un de ses premiers romans et l’intrigue est mal fichue. Il ne faut pas rester sur cette mauvaise impression car Daphné du Maurier est vraiment un écrivain captivant. Je te conseille celui-ci ou « Le bouc émissaire » qui est moins connu mais tout aussi brillant.

  3. Oui, c’est très exactement ça, Daphné du Maurier : formidable talent de conteuse et sacrée manipulatrice !:-) J’adore ! Tous ses romans ont rejoint ma LAL donc je lirai cette fameuse cousine Rachel prochainement sans aucun doute !

  4. Un roman qui m’avait captée, envoûtée, même oserai-je …. Ce doute sur la véritable nature de Rachel est vraiment, comme tu le soulignes, un moteur de lecture extraordinaire ! Moi aussi, j’ai un petit bémol pour l’auberge de la Jamaïque, un peu trop gothique pour moi, mais c’est un petit bémol et le général du roi est juste excellent !

    • J’avais également eu un bémol sur « L’auberge de la Jamaïque » dont l’intrigue était mal menée. Contrairement à toi, j’avais beaucoup aimé le côté gothique ! « Le général du roi » sera mon prochain très probablement.

    • Je souhaite également lire tous ses romans et je dois également lire « Manderley forever » car Daphné du Maurier est un vrai personnage de roman.

  5. Pingback: A year in England – Récapitulatif | Plaisirs à cultiver

  6. Comme Estellecalim, j’ai adoré Rebecca mais j’ai ensuite lu L’Auberge de le Jamaïque qui m’avait déçu. Ce que tu dis dans ton billet et dans les commentaires me donne très envie de retenter l’aventure mais si rien n’est résolu à la fin, je ne suis pas sûre que celui-ci soit fait pour moi

    • L’auberge de la Jamaïque est loin d’être son meilleur, il y a beaucoup de maladresse. Mais il ne faut pas s’arrêter là car la bibliographie de Daphné du Maurier est riche et passionnante. Ce n’est pas que l’histoire n’est pas résolue mais il reste un doute quant à la personnalité de Rachel et c’est ce qui rend le roman aussi intéressant.

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