Londres subit le Blitz, la population fuit la ville. Certains sont accueillis dans les comtés environnants. Dans celui de Herts, dans la propriété de Sunglade, les réfugiés ne sont pas les bienvenus. Constance Fielding, la propriétaire, vit comme si le conflit n’existait pas. Et elle décide de remplir sa maison avant que des réfugiés ne lui soient imposés. Constance vit à Sunglade avec son frère célibataire Kenneth et sa cousine Frankie. Elle ouvre donc les portes de sa maison à Betty, une amie et ancienne fiancée de Kenneth, et son fils Richard, un idéaliste à la santé fragile. Se rajoute à cette assemblée une nouvelle servante : Vartouhi, une jeune réfugiée baïramienne au franc-parler irritant pour Constance. C’est d’ailleurs la jeune Vartouhi qui va semer la pagaille à Sunglade. Jolie, directe et attendrissante, elle va faire se pâmer les deux hommes de la maison : Ken et Richard, au grand désarroi de Constance qui veut à tout prix éviter que son frère se marie.
« Le célibataire » est proche du « Bois du rossignol », il y a une dimension de conte dans le livre avec la création d’un pays, la Baïrami (dont la description ouvre le roman) et avec le côté moral de sa fin. « Le célibataire » est un grand chassé-croisé amoureux. Ce sentiment et la question du couple sont au cœur du roman. Et finalement, le titre n’est pas exact car ce n’est pas un seul et unique célibataire que vous rencontrerez à Sunglade mais bien toute une galerie ! En effet, tous les personnages, qui peuplent ou passent à Sunglade, sont seuls. Stella Gibbons a écrit une comédie du mariage qui m’a beaucoup fait penser à la Jane Austen de « Orgueil et préjugés ». Certes à la fin du roman, il y aura des mariages (je ne vous dis pas lesquels puisque tout le sel du roman est de voir se faire, se défaire les couples potentiels), mais ils ne font pas rêver par leur romantisme. Certains se marieront mais en ayant réfléchi longuement et de façon très raisonnable, sans passion. D’autres souhaiteront trouver une moitié mais uniquement si celle-ci a des revenus confortables et ne lésine pas sur les cadeaux.
Tout cela se déroule sous les yeux effarés de Constance qui n’aime rien tant que l’immobilisme. Elle règne en maître sur Sunglade, sur Ken et Frankie et ne veut surtout pas que les choses changent. Et en bonne bourgeoise anglaise, elle méprise les sentiments et toutes ses manifestations. Ses certitudes, sa tranquillité vont être ébranlées par les nombreux habitants de Sunglade.
Stella Gibbons fait une nouvelle fois preuve de beaucoup d’ironie dans l’étude de ses personnages. Mais ses portraits sont plus nuancés, plus subtils que dans « Westwood », ils n’en sont que plus attachants et je les ai regardé évoluer avec grand plaisir.
C’est avec beaucoup d’esprit et de causticité que Stella Gibbons s’attaque ici à la question de l’amour, du mariage dans une bourgeoisie anglaise qui refuse le changement. Des trois romans de l’auteur publiés à ce jour en France, celui-ci est celui qui me semble le plus réussi et le plus réjouissant.
Un grand merci aux éditions Héloïse d’Ormesson pour cette lecture délicieuse.
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Je viens de commander « le bois du rossignol » pour le mois anglais ; ce sera ma première lecture de l’auteure.
J’avais beaucoup aimé « Le bois du rossignol », c’était également ma première lecture de l’auteur et depuis je continue à la lire avec grand plaisir !
J’ai aussi Le bois du rossignol pour ce mois anglais. Mais… j’ai déjà chopé Le Célbataire en bouquinerie 😉
J’espère que tu aimeras, ce sont les deux que j’ai préférés pour le moment. Mais « La ferme de Judith » va bientôt sortir en France et il est considéré comme un des meilleurs de l’auteur.
Je viens d’acheter Le bois du rossignol pour le mois anglais, s’il me plaît je lirai celui-ci aussi
J’espère que tu aimeras et que tu auras envie de découvrir le reste de l’oeuvre de Stella Gibbons !
Non, ceci n’est pas pour moi ! 😉
Même pour rajouter à ta longue liste de lectures du mois anglais ? 😉
Rigole pas, mais cette année, le mois anglais a pas la même saveur… j’ai ma liste de prête au brouillon et au stylo, pas encore fait sur le blog, mais même si le coeur y est, il manque un truc, TOI !
Tu es bien gentille ma Belette, au moins je vais manquer à quelqu’un !
Je ne pense pas que tu ne manqueras qu’à moi ! 😉
Rien n’est moins sûr ! Tu sais, à partir du moment où le mois anglais existe toujours, peu importe qui l’organise.
Nan, l’organisation est importante, quand on « connait » l’organisatrice, ça a plus de charme, quand on a des gimmiks avec elle, ça change tout. Mais je m’en sortirai, tu sais, je suis coriace !
Tu continue l’année anglaise ensuite ?
Oui, je pense que je vais reprendre l’année anglaise à partir de juillet.
Je viens de découvrir le style Gibbons avec Cold Comfort Farm et franchement, ça m’a bien plu. J’y ai trouvé aussi une dimension de l’ordre du conte dont je parle dans mon billet encore au stade brouillon. Je lirais bien « Le célibataire ». La thématique me parle bien.:-)
« Cold comfort farm » sera mon prochain puisqu’il sort chez Belfond début juin. J’ai hâte de le découvrir, il semble qu’il soit un de ses meilleurs romans.
Pourquoi pas, mais je ne vais pas me précipiter 😉
Je me doute, ça sort un peu de tes sentiers battus ! 😉