Le lys de Brooklyn de Betty Smith

lys

« Le lys de Brooklyn » est un classique de la littérature américaine. Il s’agit du récit en grande partie autobiographique de Betty Smith nous racontant son enfance dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn, l’un des quartiers les plus pauvres de la ville.

Le récit commence par une scène d’anthologie. Nous sommes en 1912, dans la famille Nolan. La narratrice, Francie, nous raconte une journée ordinaire pour elle, son frère Neeley et tous les autres gamins de Williamsburg. La journée commence par un passage obligé chez le chiffonnier où l’on échange ferrailles et autres trouvailles contre quelques sous. Ceux-ci permettent de s’acheter quelques bonbons, de s’offrir de petits cadeaux. Pendant que les garçons jouent entre eux, Francie se rend dans son lieu favori : la bibliothèque. « Elle croyait que tous les livres de la terre se trouvaient ici réunis et elle avait formé le projet de lire tous les livres. Elle lisait à la cadence d’un volume par jour, en suivant l’ordre alphabétique, et sans sauter les moins intéressants. Elle se rappelait que le premier auteur qu’elle eût jamais lu s’appelait Abbott. Il y avait longtemps déjà qu’elle lisait un livre par jour, et elle n’en était encore que dans les B. » Francie s’évade dans les livres et a le projet de devenir écrivain.

Sa mère, Katie, s’épuise à faire le ménage au point d’avoir honte de ses mains laborieuses. Son mari, Johnny, chante dans des bars et malheureusement boit aussi beaucoup. Malgré la pauvreté, les épreuves, la petite famille est soudée. La tendresse, l’amour restent forts malgré les privations.

C’est d’ailleurs ce qui est touchant dans ce roman. Récit réaliste d’un apprentissage de la vie, Betty Smith ne tombe jamais dans le misérabilisme. Le quotidien est difficile mais on ne s’apitoie jamais et Katie essaie sans cesse d’amuser ses enfants, de les détourner des choses pénibles. Elle les fait notamment jouer à l’île déserte, à la survie pour leur faire oublier que le frigo est réellement vide. Le roman est émaillé de récits témoignant de la dureté de la vie pour les Nolan : la maltraitance à l’école où les plus pauvres ne peuvent aller aux toilettes quand ils le souhaitent, Katie qui fait le ménage jusqu’au jour de son accouchement, Katie qui manque de se faire agresser par un pervers sexuel. Mais la dignité, le courage sont les armes qui permettent à la famille Nolan de tenir debout.

Ils ne sont d’ailleurs pas seuls. « Le lys de Brooklyn » présente une incroyable galerie de personnages secondaires à commencer par les sœurs de Katie. La plus notable est Sissy, mariée trois fois à des hommes qu’elle ne nomme que Johnny parce qu’elle aime ce prénom ; elle a vécu onze accouchements d’enfants morts-nés. Et pourtant, elle ne désespère pas, elle est pleine d’attention pour Francie et Neeley. Une véritable force de la nature que le malheur n’arrête pas.

« Le lys de Brooklyn » est le récit d’une enfance miséreuse mais pas malheureuse. Le ton du livre a la fraîcheur de l’enfance, de l’espoir jamais démenti. Parfois trop bavard, trop détaillé, il n’en reste pas moins un livre très plaisant et à l’optimisme forcené.

 

14 réflexions sur “Le lys de Brooklyn de Betty Smith

    • J’en avais entendu parler il y a longtemps mais il était épuisé. Grâce aux éditions Belfond, j’ai enfin pu découvrir ce classique de la littérature américaine.

  1. Tu me tentes beaucoup…Rien que cette scène de bibliothèque….Mais je sens que je vais attendre un peu pour me lancer dans cette lecture. Histoire de diminuer un peu ma gargantuesque PAL!

  2. Pingback: Bilan livresque et films de mai | Plaisirs à cultiver

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