« Une journée dans la vie d’une femme souriante » est un recueil de treize nouvelles, c’est le seul écrit par Margaret Drabble. Les nouvelles, qui composent ce livre, ont été écrites tout au long de la vie de son auteur, de 1966 à 2000. Ce qui frappe, c’est la cohérence du recueil malgré les années qui séparent la première et la dernière nouvelle. Il y a une continuité, une fidélité dans les thèmes abordés par Margaret Drabble.
Les femmes sont toujours au centre de chaque histoire. Ce sont des instantanés de vie, rien d’extraordinaire, juste des moments quotidiens qui peuvent parfois s’avérer décisifs. Toutes sont ou souhaiteraient être indépendantes. Elles sont parfois prisonnières de leurs vies comme l’héroïne de la plus émouvante des nouvelles intitulée « La guerre en cadeau ». On y voit une femme, battue par son mari, s’illuminer, s’animer uniquement à l’idée d’aller acheter le cadeau pour l’anniversaire de son petit garçon. Mais elles réussissent aussi à se libérer et à profiter de la vie comme cette « Veuve joyeuse » qui se réjouit de pouvoir profiter de ses vacances sans son mari récemment décédé. « Elsa savait qu’elle allait devoir dissimuler son impatience : il n’était certainement pas convenable qu’une veuve si récente se réjouisse autant d’un évènement aussi trivial que des vacances d’été. »
L’amour est bien souvent au cœur de la vie de ces femmes. Il peut être contrarié comme dans « Le passage des Alpes » où deux amants partent en cachette pour passer du temps ensemble et s’évader de leur quotidien pesant, le séjour sera un échec total. Il ne s’oublie en tout cas jamais. L’héroïne de « Les amants fidèles » retourne, des années après leur rupture, dans le café où elle voyait son amant. Celle de « Les grottes de Dieu » cherche son ancien amour qui est parti vivre en ermite loin de la civilisation occidentale. On cherche l’amour, on l’attend et parfois il prend des formes étonnantes comme dans « Le petit manoir de Kellynch » où la narratrice tombe amoureuse d’une demeure à la manière de Elizabeth Bennet dans « Orgueil et préjugés ».
Margaret Drabble fait preuve d’une grande acuité dans l’étude des caractères de ses personnages. Les portraits sont finement dessinés, précis et attentifs au moindre détail. Ils sont servis par une écriture remarquable, ciselée et qui rend parfaitement la palette vaste des sentiments présentés dans ce recueil.
Comme vous le savez peut-être, je reste souvent sur ma faim lorsque je lis des nouvelles. Ce ne fut absolument pas le cas avec ce recueil de Margaret Drabble qui recèle de véritables bijoux de narration. Chaque nouvelle est un monde en soi et l’écriture un ravissement. C’est souvent âpre, mélancolique, parfois positif et ouvert vers l’avenir, mais c’est avant tout profondément humain.
Oh la la ! cela donne envie de découvrir ce petit bijou 🙂
Je ne peux que te conseiller de te laisser tenter !
Le titre m’interpellait, et ton avis me tente encore plus! Je note, d’autant plus que j’adore les nouvelles 🙂
Si tu adores les nouvelles, tu devrais vraiment être enchantée par cette lecture.