Le mois de mars m’aura offert une belle pépite, un OLNI : « Le séducteur » de Jan Kjaerstad que je vous encourage vivement à ouvrir. Malheureusement, il faudra être très, très patient pour découvrir la suite qui n’est pas encore traduite. J’ai renoué avec le roman noir grâce à l’excellent « 911 » de Shannon Burke sélectionné pour le Prix du polar SNCF, avec Péneloppe Bagieu et le premier tome de sa bande-dessinée féministe, avec la charmante et drôle Agatha Raisin, avec mon cher Jérôme Attal dont je vous parle très rapidement et avec Irène Nemirovsky et son grinçant « Bal ».
Une belle moisson de films pour ce mois de mars :
Mes coups de cœur :
Un saut dans une piscine pas assez remplie fait basculer la vie de Ben qui se retrouve « tétraplégique incomplet ». On le suit de son réveil à l’hôpital au centre de rééducation. Fort heureusement, Ben va recouvrir petit à petit de la mobilité. Mais lui, qui rêvait de s’inscrire en STAPS, devra dire adieu à ses ambitions sportives. Ben c’est bien entendu Fabien Marsaud alias Grand Corps Malade. Le film est tiré de son livre. « Patients » sonne extrêmement juste. Grand Corps Malade et Mehdi Idir réussissent à éviter l’apitoiement, le voyeurisme et le mièvre. Mieux, ils nous font rire de l’infortune de cette bande de jeunes handicapés. La vanne est monnaie courante, chacun n’hésitant pas à chambrer les copains. « Patients » est un film d’une grande humanité qui rend également hommage au personnel médical qui accompagne au quotidien ces accidentés de la vie.
A Santa Barbara, en 1979, Dorothea éprouve des difficultés à élever son fils, Jamie, qui a 14 ans. Elle l’a eu tard, a maintenant la cinquantaine et est divorcée. Son fils lui reproche de se complaire dans sa solitude. Dorothea ne vit pourtant pas tout à fait seule, elle loue des chambres dans sa maison en rénovation : Abbie, une artiste trentenaire atteinte d’un cancer, William, l’homme à tout faire encore hippie. Il y aussi Julie, une voisine qui s’incruste régulièrement. Dorothea va demander à tout ce petit monde de l’aider à élever Jamie. « 20th century women » est le récit d’un changement d’époque, fini l’insouciance des années 70, le libéralisme va bientôt s’installer. C’est surtout un magnifique portrait de femme, Dorothea, qui est aussi émouvante qu’agaçante, aussi permissive que strict. Une femme complexe qui tente de donner la meilleure éducation possible à son fils et qui est magnifiquement interprétée par Annette Bening. Tout le casting est d’ailleurs parfait, les acteurs incarnent avec justesse ce patchwork de personnalités.
Et sinon :
- Citoyen d’honneur de Mariano Cohn et Gaston Duprat : Le romancier Daniel Mantovani reçoit le prix Nobel. Son discours de remerciements n’en est pas vraiment un puisqu’il regrette ce qui prix qui signifie qu’il est devenu académique et respectable. Pour essayer de retrouver les origines de son écriture, il décide de retourner dans son village natal en Argentine où il n’avait pas remis les pieds depuis quarante ans. Son village compte célébrer dignement le retour de l’enfant prodigue. Rapidement, on comprend pourquoi Daniel n’était jamais revenu. Le village semble peuplé de personnages grotesques, hargneux et jaloux qui reprochent à l’écrivain sa réussite mais aussi les livres qu’il a écrit sur son village natal. Entre drôlerie et cruauté, le voyage de Daniel finit par tourner au cauchemar et au règlement de compte.
- L’autre côté de l’espoir de Aki Kaurismäki : Deux destins se croisent dans le dernier film d’Aki Kaurismäki : Khaled qui fuit la Syrie et les bombardements d’Alep et Wikström qui fuit sa femme et sa vie de vrp de chemises. Tous deux reprennent tout à zéro. Khaled demande le droit d’asile à la Finlande. Wikström rachète un restaurant. C’est là que les deux hommes vont se côtoyer. On retrouve avec plaisir le charme rétro de l’univers de Kaurismäki, son humour pince-sans-rire, son économie dans les dialogues, le burlesque et son amour pour les vieux rockeurs finlandais. Ce qui est au centre de « L’autre côté de l’espoir », c’est l’humanité et l’entre-aide. La terrible situation de Khaled est balayée d’un revers de main par l’administration, il est impossible d’accueillir tous les réfugiés et c’est bien l’altruisme qui peut encore nous donner de l’espoir.
- Chez nous de Lucas Belvaux : Pauline est infirmière dans le nord de la France , près de Lens. Son quotidien se déroule dans la précarité, la solitude de ceux qu’elle soigne à domicile. A l’approche de l’élection locale, Pauline est approchée par l’ancien médecin de la ville. Ce dernier lui propose de se présenter sous les couleurs du Bloc Patriotique, le parti populiste. Le film de Lucas Belvaux démonte les fonctionnements de l’adhésion à ce type de parti. Les mécanismes sont bien visibles, compréhensibles. Ils le sont peut-être un peu trop. Le côté pédagogique enlève du romanesque au film. Il n’en reste pas moins que « Chez nous » est un film nécessaire surtout au vue des différents sondages annonçant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle.
- Rock’n’roll de Guillaume Canet : Guillaume Canet se pose des questions sur son âge et sa vie tranquille après que sa nouvelle partenaire de tournage lui ait avoué qu’elle le trouvait plutôt dépassé et pas du tout rock’n’roll. L’acteur remet alors toute sa vie en question et commence à ausculter ses rides avec fièvre. Il fallait oser réaliser un film aussi proche de son quotidien où l’on se traite avec autant de férocité. Guillaume Canet se malmène, n’a pas peur du ridicule et n’hésite pas à nous faire rire à ses dépends. Il fustige cette mode de la jeunesse qui nous culpabilise tous lorsqu’une ride ou un cheveu blanc apparaissent. Marion Cotillard est extrêmement drôle dans son rôle d’actrice obsessionnelle et perfectionniste. Le seul défaut du film est que Guillaume Canet semble avoir du mal à l’achever, la fin possède certaines longueurs qui gâchent un peu le reste du film.
- Le secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa : Jean arrive dans une grande maison de la banlieue parisienne. Il s’agit de son nouveau lieu de travail. Il doit seconder Stéphane, un photographe de mode. Celui-ci réalise également des portraits, inspirés du 19ème siècle, grandeur nature en daguerréotype mais uniquement de sa fille Marie. La photo parfaite demande de très longs et harassants temps poses. Une atmosphère inquiétante et mystérieuse entoure le père et la fille. L’ambiance spectrale est sans doute la plus grande réussite du film. Ce qui ne se voit pas est ce qui effraie le plus et Kiyoshi Kurosawa maitrise cela à la perfection. Mais le film est trop long (2h10), beaucoup trop long et on se lasse de cette histoire de fantômes qui n’en finit pas. De même, l’idée des portraits grandeur nature était très belle mais elle ne me semble pas être exploitée jusqu’au bout.
J’ai l’intention d’aller voir Citoyen d’honneur (j’aime beaucoup le cinéma argentin, trop rare sur nos écrans), et n’ai vu sinon dans ta liste que Rock n’roll, sur lequel j’avais un a priori… je suis d’accord avec toi sur la fin, qui est poussive, mais j’avoue avoir passé le reste du temps un très bon moment .. J’attend ton billet sur Le bal, qui m’a été chaudement recommandé (j’ai beaucoup aimé Uns uite française et Le vin de solitude, de la même auteure).
J’espère que tu a spu voir Citoyen d’honneur qui m’avait beaucoup fait rire.
félicitations pour cette intense activité !
Merci beaucoup !
Rhôô, il serait temps que je lise un Agatha Raisin pour le plaisir de t’envoyer une fiche de plus pour ton challenge !
Il faudrait que je mette à jour mes liens sur Fesse Bouc, entre autre… j’en ai quelques uns 😉
Si tu savais comme je suis à la bourre pour tout ce qui concerne mon blog…alors ce n’est pas grave si tu n’arrives à mettre à jour tes liens !
Ben maintenant, j’ai lu 2 Agatha Raisin ! Et je pense que j’ai bourré les urnes de ton challenge 😉 Même si j’en ai oublié (mais en principe j’ai tout collé sur ta page FB)
J’ai eu un véritable coup de coeur pour le film Patient. Je le trouve très humain et relativement réaliste. Les quelques touches d’humour rendent le film plus léger. Je pense que le livre va bientôt être en ma possession !
Je suis d’accord sur ton coup de coeur, c’est un film très humain et très drôle.