Aujourd’hui 31 octobre, c’est l’anniversaire de Papigrand. Comme chaque année, la famille Coudrier se réunit pour fêter l’événement dans la propriété familiale de la Collinière. Hermès attend avec impatience l’arrivée de sa cousine Madeleine dont il est amoureux. En attendant son arrivée, Hermès et ses cousins Colin-Six ans, Annette et Violette sont chargés d’aller chercher des potirons au potager pour les voisins américains de Mamigrand et Papigrand. C’est là qu’ils font une découverte macabre. Un homme gît sur la terre du potager. Après vérification, l’individu est mort, il y a du sang sur lui. C’est alors que sonne la cloche du déjeuner et que Hermès prend une décision surprenante : celle de cacher le corps du défunt. « Oui, sans cette foutue cloche, j’en suis certain, sans elle, les choses auraient été moins tortues, j’aurais moins réfléchi, je n’aurais jamais soufflé aux petits : -Allez ! on le planque…Faut pas qu’on le trouve. »
Il est toujours plaisant de lire des livres en adéquation avec la période de l’année mais si j’y parviens rarement. « Sombres citrouilles » de Malika Ferdjoukh tombait donc à point nommé en cette semaine d’Halloween. Le récit se fait exclusivement par le biais des enfants. Chaque enfant se succède pour raconter son histoire et ce qu’il voit. Chacun a des préoccupations de son âge : les adolescents Hermès et Madeleine sont amoureux mais cette dernière ne l’est pas de son cousin, Violette prend soin de sa jumelle Annette qui a un léger handicap, Colin-Six ans tente d’apprivoiser et de soigner un renard blessé par les chasseurs du village. Malgré ces préoccupations de leurs âges, les enfants ne ratent rien de ce qui se passe autour d’eux. Ils observent avec acuité les adultes, c’est ainsi qu’ils voient la professeure de musique des jumelles se rhabiller dans le jardin ou un inconnu venu faire chanter Papigrand. Des choses étranges qui viennent compléter un environnement déroutant pour les enfants : l’oncle Dimitri qui s’est étrangement noyé, tante Edith qui vit recluse dans une petite maison au fond du jardin, l’accident de voiture qui a cloué Papigrand dans un fauteuil-roulant. Halloween sera l’occasion de faire tomber les masques, de révéler aux enfants les failles et les faiblesses des adultes qui les entourent.
Le ton du début du roman est à l’image d’une des références qui l’ont inspiré, « Mais qui a tué Harry ? » d’Alfred Hitchcock : le ton est léger, la découverte du corps est plus ennuyeuse qu’effrayante pour les enfants. Mais plus on avance dans la lecture et plus la réalité se révèle sombre et inquiétante. C’est d’ailleurs l’un des intérêts du roman de nous faire passer de la légèreté à la gravité. Les personnages des enfants sont également bien construits, ils sont tous très attachants. Enfin, Malika Ferdjoukh glisse de nombreuses références qui pourront combler son public adulte : Jacques Becker, Fred Astaire, Michael Powell, Sacha Guitry, Ed McBain.
Encore une fois, j’ai eu grand plaisir à retrouver la plume de Malika Ferdjoukh qui a l’art de s’adresser aussi bien aux enfants qu’aux adultes et de nous faire frémir avec ses « Sombres citrouilles ».
Et bin oui c’est vraiment tentant a lire….de bien bonnes citrouilles quoi…;)
De belles citrouilles qui font bien froid dans le dos !!!
Il me reste encore beaucoup de Malika Ferdjoukh à lire et celui-ci en fait partie. Je crois qu’il pourrait me plaire comme le reste de la bibliographie de la romancière. Il me tente beaucoup pourtant mais il devra attendre encore un peu car je suis plongée dans le tome 2 de Broadway Limited et c’est un pur régal!
Je pense aussi que je vais aimer tout ce qu’elle a écrit ! J’ai hâte de découvrir le tome 2 de Broadway Limited !
J’avais lu ce livre quand j’avais une quinzaine d’années et l’avais beaucoup apprécié. Par conter, ma mère qui travaillait en librairie avait rencontré l’auteure et nous avions été un peu refroidies par le fait que celle-ci lui avait dit ne prendre aucun plaisir à écrire ses livres… dommage…
Daphné
J’ai également rencontré à plusieurs reprises l’auteure et elle était charmante ! Les écrivains peuvent aussi avoir leurs mauvais jours.
On est rarement déçu avec Malika Ferdjoukh. J’adore la couverture en plus !
Je suis d’accord avec toi, jusqu’à présent je n’ai jamais été déçue par ses romans.
ça me tente bien cette lecture, j’aime beaucoup l’écriture et l’univers de Malika Ferdjoukh.
On retrouve bien sa patte dans ce roman, tu devrais aimer.
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