Depuis la fondation de la république de Gilead, Defred est au service du Commandant et de son épouse. Elle est une servante écarlate, une femme fertile qui doit permettre à ce couple d’avoir un enfant. Suite à une catastrophe, le taux des naissances est en chute libre. La république de Gilead a donc pris les femmes les plus fertiles, les a formées pour qu’elles deviennent des esclaves sexuelles au service des familles les plus importantes. Leur formation s’apparente à un lavage de cerveau pour les rendre dociles et leur faire oublier leurs vies d’avant. Les servantes écarlates doivent oublier jusqu’à leur propre nom. « Je ne m’appelle pas Defred, j’ai un autre nom dont personne ne se sert maintenant parce que c’est interdit. Je me dis que ça n’a pas d’importance un prénom, c’est comme son propre numéro de téléphone, cela ne sert qu’aux autres. Mais ce que je me dis est faux, cela a de l’importance. Je garde le savoir de ce nom comme quelque chose de caché, un trésor que je reviendrai déterrer, un jour. Je pense à ce nom comme à quelque chose qui serait enfoui. Ce nom a une aura, comme une amulette, un talisman qui a survécu à un passé si lointain qu’on ne peut l’imaginer. » Le passé de Defred ne cesse de la hanter, pourra-t-elle continuer à tenir son rang alors qu’elle ne rêve que de s’en échapper ?
« La servante écarlate » a été publiée pour la première fois en 1985. La série de Bruce Miller a permis au roman de Margaret Atwood de connaître un succès planétaire. Il est même devenu un manifeste anti-Trump contre la misogynie du président des Etats-Unis et contre les menaces qui planent sur les droits des femmes. Il était donc grand temps que je découvre ce roman de Margaret Atwood dont j’apprécie beaucoup le travail.
Le roman de Margaret Atwood est souvent comparé à « 1984 » de George Orwell. Les deux romans sont en effet des dystopies qui montrent un régime totalitaire. Les deux ont également en commun le fait de montrer une situation plausible, un futur sombre qui pourrait bien advenir. Margaret Atwood souligne d’ailleurs dans la postface du livre qu’elle n’a souhaité mettre dans son livre que ce que l’humanité avait déjà fait à travers l’histoire. « Je ne voulais pas me voir accusée de sombres inventions tordues, ou d’exagérer l’aptitude humaine à se comporter de façon déplorable. » Et c’est sans aucun doute cette véracité qui rend « La servante écarlate » si glaçant.
Le récit de Defred se fait à la première personne du singulier, elle nous raconte son quotidien monotone, paranoïaque puisqu’elle ne peut faire confiance à personne. Durant son récit, elle repense à sa vie d’avant, celle où elle avait un mari et une petite fille. Elle nous explique comment la république de Gilead s’est peu à peu mise en place, comment des fanatiques religieux ont pis le pouvoir. Et comme tout pouvoir totalitaire et religieux, la république s’en prend aux femmes en leur supprimant leurs comptes en banque, leurs possibilités de travailler, d’aller à l’école. L’étape suivante est de faire de certaines d’entre elles des instruments de procréation pour les dignitaires du régime. Une oppression contre les femmes qui est malheureusement toujours d’actualité dans les zones de conflit. Et même dans les démocraties, on sait que les droits des femmes sont toujours fragiles, sans cesse menacés. Il n’est donc pas étonnant que le livre de Margaret Atwood et la série qui en a été tiré connaissent un succès aussi important.
« La servante écarlate » est une dystopie qui fait froid dans le dos tant le récit en est plausible. Un livre qu’il est nécessaire de lire afin de ne pas oublier qu’il est important de défendre nos droits et nos libertés.
J’ai lu ce livre il y a un an et ce qui m’avait marqué c’est combien ce récit de fiction mettait en lumière très justement les travers de nos sociétés et de l’être humain. Une lecture salutaire qui nous rappelle que les acquis démocratiques, notamment les droits des femmes, demeurent fragiles… Sinon merci Titine75 grâce à toi j’ai un nouveau terme dans mon vocabulaire « dystopie » 🧐
Oui, ce qui fait la force du roman c’est que Margaret Atwood n’a rien inventé. C’est extrêmement réaliste et c’est ce qui froid dans le dos. Trump aura eu au moins un avantage : il aura fait lire « La servante écarlate » !!! 😉
Ce roman est toujours sur mes étagères, il faut vraiment que je me décide ! Ton billet le confirme, comme la comparaison au 1984 de Orwell.
J’ai longtemps attendu pour le découvrir mais je ne regrette pas de m’être lancée. Sa réputation n’est pas usurpée.
Je ne suis pas adepte du genre donc je ne voulais pas lire le roman, par contre je regarde la série et j’aime beaucoup, c’est effectivement glaçant!
La série est assez fidèle au roman dans l’ensemble, si tu l’aimes tu devrais tenter le roman !
J’avais eu bien du mal avec 1984… la servante est plus agréable à lire.
Allez, malgré ton petit retard, je vois que tu as fait belle lecture 😉
Oui, je suis en retard mais contente de ma lecture !!!
C’est déjà un bon point lorsqu’on est satisfaite de sa lecture !!