Paris, 1872, dans le quartier de l’église de St Sulpice, une prostituée a été atrocement mutilée. Les gardiens de la paix Ragon et Zehnacker doivent mener l’enquête. Le premier est un novice et supporte difficilement la vue d’un cadavre. Malheureusement pour lui, celui-ci ne sera pas le dernier. D’autres prostituées subiront le même sort, toujours dans le 6ème arrondissement et toujours venant de la même maison close. Les deux gardiens de la paix vont rapidement découvrir que politique et magie seraient liées dans cette série d’assassinats.
« Feuillets de cuivre » est un livre pour le moins surprenant et passionnant. Tout d’abord, sa construction est assez inhabituelle. Le roman est constitué de deux grandes parties, l’ensemble couvrant les enquêtes de Ragon de 1872 à 1912. Chaque chapitre correspond à l’enquête d’une année. La première partie nous propose une série d’enquêtes, toutes indépendantes et dissociées. Le lecteur a alors l’impression de tenir un recueil de nouvelles policières, toutes sombres et originales. Mais que nenni ! Fabien Clavel a bel et bien écrit un roman et c’est ce que nous montre la seconde partie. Dans celle-ci, Ragon doit affronter un terrible ennemi, une sorte de Moriarty. C’est ce dernier qui permet de tout relier ensemble et qui est le fil rouge du livre. La première partie est le socle de ce qui va se dérouler dans la seconde. Voilà ce que j’appelle une construction brillante et étonnante.
« Feuillets de cuivre » est qualifié, sur la quatrième de couverture, de « Mystères de Paris » steampunk. Je rassure ceux que la SF pourrait refroidir, le côté steampunk est vraiment très léger et très subtilement amené. Au lieu de la vapeur classique, Fabien Clavel met plutôt au centre du roman l’éther que l’on retrouve régulièrement au centre des affaires policières. La substance se trouve utiliser de manière inattendue comme dans des ampoules par exemple. L’auteur joue également avec la distorsion du temps (dans l’excellent chapitre « Tourbillon aux trois ponts d’or »), la magie et le surnaturel. Mais toujours par petites touches ce qui surprend le lecteur car le reste des intrigues est très réaliste, très ancré dans des faits historiques réels (affaire Dreyfus, mort de Félix Faure dans des conditions douteuses, expos universelles de Paris de 1889 et 1900).
Le personnage principal est lui aussi inattendu. Ragon, qui commence gardien de la paix et finit commissaire divisionnaire, est un colosse gargantuesque. Il est grand et de plus en plus obèse au fur et à mesure des enquêtes. Son physique et les problèmes qu’il engendre, tiennent une place importante dans les différents récits. Mais ce qui le rend unique en son genre est sa façon de résoudre ses enquêtes. Ragon résout tout grâce aux livres. Pour lui, tout est dans les livres et c’est un lecteur compulsif à la mémoire phénoménale. Le roman est donc truffé de références littéraires (Maupassant, Hugo, les Goncourt, Verne, Flaubert, Leroux, etc…) et Ragon est lui même une évocation de Sherlock Holmes et d’Hercule Poirot.
« Feuillets de cuivre » est vraiment un livre inclassable, entre policier réaliste, steampunk et hommage à la puissance de la littérature.
voilà qui est fort, fort tentant!! la construction seule donne envie de s’y plonger…!
Je suis contente de t’avoir donné envie de le découvrir !!!
Superbe couverture ! Après, je ne suis pas certain que ce soit ma tasse de thé mais pourquoi pas.
Oui, la couverture est irrésistible pour des grands lecteurs comme nous !!
Je cherche encore le steampunk !! 😀 Le récit était bizarre, étrange, étonnant.
Le steampunk est très discret et réinterprété mais que ce livre est original !
Trèèèèès discret, en effet 😀 Le livre est original de par son narrateur qui vieillit et grossit.
Je l’ai repéré l’an dernier, j’ai hésité, mais depuis je lis de très bons avis, je sens que je vais craquer 😉 !
C’est un livre qui m’a vraiment surprise et ce n’est pas si fréquent lorsqu’on lit beaucoup. Rien que pour ça, je suis bien contente de l’avoir lu.
C’est un roman très surprenant, vraiment original, que j’ai aussi adoré. Les références, les clins d’oeil sont légion…
Oui, c’est vraiment un roman qui m’a totalement surprise et qui mériterait vraiment d’être plus connu !