Par-delà nos corps de Bérangère Cournut

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Else a 20 ans lorsqu’elle croise le chemin de Werner Heller, un peintre et poète allemand. Else est déjà mariée mais Werner et elle vont s’aimer passionnément. La première guerre mondiale éclate, le mari et l’amant sont envoyés au front, chacun devant défendre sa partie respective. En septembre 1914, Werner adresse une lettre à Else. Celle-ci ne lui répond pas immédiatement. Elle vient d’apprendre le décès de son époux sur le champ de bataille. Après cette lettre, Else n’aura plus jamais de nouvelles de Werner et ne saura pas ce qu’il lui est arrivé. Vingt cinq plus tard, elle se décide à prendre la plume pour enfin lui répondre, pour comprendre ce qui les unissait si fortement et lui raconter sa vie depuis cette lettre de 1914.

« Le temps a passé, j’essaie de vous relire encore une fois sur papier jauni, pour cerner plus clairement ce qu’était cette Grande Absence qui nous reliait. Il me semble qu’à travers nos échanges, vous et moi n’avons cessé de parler d’autre chose que nous-même. Comme si notre rencontre s’était produite au-delà de nos personnes, comme si notre propre vie ne nous appartenait pas. » 

Le court texte de Bérengère Cournut est d’une grande poésie. Il nous transporte au cœur de l’histoire d’amour de Else et Werner, une histoire intemporelle et éternelle. Malgré la brièveté de leur histoire, elle reste graver dans le corps et l’esprit d’Else. Elle est au centre de tout mais elle ne l’a pas empêché de poursuivre sa vie. Elle a traversé beaucoup de tourments : la mort de son mari, la disparition de son amant, la première guerre mondiale où elle s’est engagée en tant qu’infirmière dans différents pays. Elle a rencontré dans ses pérégrinations son deuxième mari, le père de ses deux fils nés douloureusement pendant la guerre. Else est une femme forte, solide portée par les éléments, la nature. Elle ressent intensément chaque chose ; la mer comme la forêt l’habitent aux moments de ses grossesses. Elle semble célébrer la vie malgré les difficultés.

Malgré la beauté du texte, j’ai un petit bémol dont n’est absolument pas responsable Bérangère Cournut. Son texte est une réponse à celui de Pierre Cendors publié en 2017 aux éditions Le tripode et intitulé « Minuit en mon silence ». Ce texte est la lettre de Werner à une jeune femme rencontrée à Paris juste avant la guerre. Bérengère Cournut a donné corps à cette jeune femme et l’idée est très belle. Mais je en connaissais pas et n’ai pas lu le texte de Pierre Cendors. Et à certains moments du texte, j’ai senti qu’il me manquait quelque chose, que certaines clefs me manquaient pour profiter pleinement de la réponse d’Else.

« Par-delà nos corps » est un texte extrêmement poétique sur une femme libre, habitée par un amour puissant. Si vous souhaitez lire ce texte, je vous conseille de commencer par celui de Pierre Cendors auquel celui-ci répond. Je regrette de ne pas l’avoir fait moi-même afin de profiter plus pleinement de ma lecture.

3 réflexions sur “Par-delà nos corps de Bérangère Cournut

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