Margoujols est un petit village reculé dans les hauteurs du Gévaudan qui abrite les rescapés du cirque de Balthazar Britiescu. Il arriva en 1945 en Lozère et était un cirque de freaks : femme à barbe, homme-éléphant, nain, colosse, sœurs siamoises. Et un homme-homard nommé Joseph Zimm, solitaire et acariâtre, un homme qui savait se faire détester par l’ensemble des villageois : « Terrible handicap qui avait dû valoir à Joseph de multiples moqueries dans sans enfance, sans doute l’effroi des femmes, peut-être le rejet de tous ? Mais alors, pourraient s’exclamer certaines âmes charitables, ce terrible état n’expliquerait-il point son tempérament farouche ? C’est possible. Précisons néanmoins que Joseph était moins rejeté pour sa difformité que parce qu’il était raciste, misogyne, homophobe, pervers et supporter du PSG. » Et Joseph Zimm est justement retrouvé mort. L’enquête est confié à l’adjudant Pascalini et son stagiaire Babiloune. Pour mieux appréhender la population locale, les deux gendarmes sont épaulés par la fille du maire : Julie de Creyssels, jeune femme tétraplégique.
Quel immense plaisir de retrouver J.M. Erre ! C’est sans aucun doute l’auteur qui me fait le plus rire (la première place se joue entre lui et Donald Westlake version Dortmunder), j’adhère totalement à son humour noir et politiquement incorrect. Et cela commence avec Julie, narratrice décapante et attachante. Elle est la première à se moquer d’elle-même et de son handicap. Elle prend un malin plaisir à tourner les autres en ridicule : lorsque quelqu’un marche à ses côtés, elle accélère lentement la vitesse de son fauteuil roulant pour que la personne finisse totalement essoufflée ! Mais Julie est également redoutablement intelligente et la mort de Joseph Zimm va lui permettre de mettre du piment dans son morne quotidien.
Le récit de J.M. Erre est parfaitement réjouissant et toujours aussi farfelu ! Margoujols abrite notamment le comité de réhabilitation de la bête du Gévaudan, l’association des éleveurs d’autruches du Gévaudan, la bibliothèque Maître Capello et un café polyfonctionnel (bar-tabac-épicerie-poste-cabinet de psychothérapie de groupe-café-PMU-boucherie-pompes funèbres) sur la place de la mairie. Margoujols est aussi la ville la plus câblée de toute la France ! Les habitants sont donc très actifs sur les réseaux sociaux. Ils sont également très au courant des procédures policières puisqu’ils passent leur temps à regarder des séries policières. Le pauvre Pascalini va avoir du fil à retordre avec cette bande d’olibrius. L’enquête permet à J.M Erre de nourrir son récit de références et il s’amuse avec les clichés du genre. Il en profite également pour fustiger quelques-uns de nos travers contemporains.
« Qui a tué l’homme-homard ? » est un très bon cru de la cuvée J.M. Erre, la lecture est tellement réjouissante que l’on est triste de quitter Margoujols et sa bande de freaks.
Bonsoir Titine, je constate que tu as aimé autant que moi. Un bon cru en effet. Bonne soirée.
J’adore tellement cet auteur ! C’est un plaisir de le retrouver et celui-ci fait partie des meilleurs.
J’avais bien ri avec son mystère Sherlock et son intervention dans « LGL » m’a donné envie de lire le homard (m’a tuer ?) 😆
Il faut lire tous les romans de JM Erre, c’est excellent pour la santé physique et mentale !!!
Je me disais bien qu’il faudrait le faire rembourser par la sécu, lui !
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