La narratrice est professeure dans un lycée, elle élève seule sa fille depuis que le père s’est fait la malle. La vie s’écoule dans une certaine monotonie jusqu’à une soirée fatidique qui va bouleverser le cours des choses. Une soirée de 31 décembre chez des amis, une femme, Sarah, fait une irruption fracassante dans la vie de la narratrice. Violoniste dans un quatuor, Sarah est quelqu’un d’exalté, de passionné qui vit à 200 à l’heure. La narratrice se laisse entraîner dans ce tourbillon et Sarah devient rapidement le centre de sa vie. Une passion brûlante naît entre les deux femmes, la narratrice voit tout à l’aune de Sarah : « Elle ne sait pas que son odeur me distord le ventre. Elle ignore que plus rien ne m’intéresse, plus rien ni personne. Elle mange un pain au chocolat chaque matin, avec un café au lait. Je me mets à manger un pain au chocolat chaque matin, avec un café au lait. Elle met du mascara tous les jours. Je me mets du mascara tous les jours. Elle emploie des mots vulgaires inconnus de moi. Je les intègre à mon vocabulaire. Elle colle ses seins contre les miens, dès que nous sommes deux, et elle me serre à étouffer, comme si elle souhaitait que nous ne fassions plus qu’un seul corps. » Un amour tellement dévorant qu’il ne peut que mal se terminer.
« Ça raconte Sarah » est le premier roman de Pauline Delabroy-Allard et on ne peut qu’être subjugué(e)s par son talent et la qualité de son style littéraire. Son roman parle donc de Sarah ; cette femme qui ressemble à un ouragan, qui dévore la vie et les gens qui la croisent. Ça raconte un désir impérieux, un besoin de l’autre despotique. Ça raconte une fusion de deux corps et deux âmes. Mais cette passion, comme toutes les passions, ne peut pas être que solaire.
Le roman s’ouvre sur un corps malade, à bout de force. Et avant d’en arriver là, Pauline Delabroy-Allard parle de l’orage amoureux, de ses éclairs qui s’abattent sur la narratrice qui en ressort exsangue. L’auteure parle également de l’amour en fuite, du manque insupportable et insurmontable. Cette deuxième partie, qui se déroule à Trieste, m’a moins séduite que le reste. Il faut dire que le début du roman est particulièrement splendide. Le rythme est rapide, les phrases et les chapitres sont courts et nous sommes pris dans le tourbillon de cet amour fou. Pauline Delabroy-Allard sait particulièrement bien rendre la violence des sentiments, du désir, la sensualité d’une peau. Les passages répétés, le retour fréquent du titre du roman soulignent parfaitement l’obsession de la narratrice. Cette première partie du livre m’a happée, elle se lit d’une traite et la deuxième partie fait retomber ce rythme. Et même si l’obsession s’accentue, j’ai regretté l’urgence du début du roman.
« Ça raconte Sarah » est l’histoire d’une passion incandescente, d’une obsession dévorante qui tourne mal. L’acuité avec laquelle Pauline Delabroy-Allard décrit le crescendo de la passion, sa langue urgente et brûlante du désir de l’autre, font de ce premier roman une très belle réussite.
Je viens faire un tour par ici via le dernier billet de Galéa … Si je reconnais à ce roman un beau style littéraire, pour ma part ces deux héroïnes m’ont horripilée. La narratrice aurait bien besoin qu’on la secoue, et j’ai trouvé Sarah complètement folle … 😉
Je dois t’avouer que j’avais également envie de secouer la narratrice dans la dernière partie du roman !!! Mais je trouve le début du roman est vraiment très réussi, il m’a complètement embarquée.
J’ai publié mon billet aujourd’hui moi aussi 🙂 mais je suis moins enthousiaste que toi, sans doute en effet parce que la deuxième partie est moins intéressante. Peut-être le prochain roman de l’auteur sera-t-il plus équilibré.
Mon enthousiasme porte surtout sur la première partie. C’est vrai que le soufflet retombe dans la deuxième. Mais quel style !!!
J’ai entendu l’auteure en lire deux trois pages, elle est bien sympathique, mais je n’ai pas accroché du tout au rythme syncopé des phrases, mais alors, pas du tout !
Je comprends, c’est un style très tranché que pour ma part j’apprécie beaucoup.
Je n’ai pas vraiment apprécié ce roman. Si la passion est très bien rendue, j’ai trouvé que la narratrice était excessive tout le temps, elle m’a profondément agacée. La seconde partie tourne en rond, je me suis bien ennuyée et finalement, je n’en ressors pas très satisfaite.
Mais la passion est excessive ! C’est la fièvre du début qui m’a manqué dans la deuxième partie. Néanmoins, je trouve qu c’est livre est vraiment fort pour un premier roman.
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