Jojo, 13 ans et métis, vit chez ses grands-parents maternels avec sa sœur de 3 ans, Kayla. Leur mère Léonie habite avec eux mais elle est très peu présente. Elle travaille, se drogue et surtout, elle attend la sortie de prison de son homme Michael. Ce dernier est incarcéré au pénitencier de Parchman et il va justement sortir très bientôt. Leonie veut aller le chercher en voiture et elle embarque ses deux enfants dans son voyage contre l’avis de ses parents et de Jojo.
Je n’avais encore lu Jesmyn Ward et pourtant elle est la seule femme à avoir remporté deux fois le National Book Award : pour « Bois sauvage » et pour le « Chant des revenants ». Ce dernier est un roman polyphonique qui nous donne à entendre les voix de trois personnages : Jojo, Leonie et Richie. Celui-ci est un personnage un peu particulier puisqu’il est mort depuis des décennies. « Le chant des revenants » est en effet un livre qui est à la fois très réaliste et qui joue avec le fantastique. Richie est l’un des deux fantômes de l’histoire, l’un des jeunes hommes noirs assassinés en raison de leur couleur de peau. Les deux morts violentes interviennent à des époques différentes, ce qui soulignent bien la persistance du racisme dans le Sud des Etats-Unis. Richie est vu par Jojo et Given par sa sœur Leonie, chacun a encore des choses à régler avec le monde des vivants. Richie fait partie de l’histoire du grand-père maternel de Jojo. Il fut emprisonné au pénitencier de Parchman dans sa jeunesse où il devait effectuer des travaux agricoles. Il y rencontra Richie qu’il tenta de protéger. Le grand-père raconte des bribes de cette histoire à Jojo pour lui apprendre le sort des noirs à l’époque. Mais l’histoire est si terrible qu’il ne dit pas tout à son petit fils. Le destin de Richie est absolument déchirant.
Les personnages du « Chant des revenants »sont extrêmement touchants et attachants. A commencer par le premier narrateur, Jojo, qui protège sa petite sœur, vénère son grand-père et veut lui ressembler, il se méfie de sa mère. Il fait preuve de beaucoup de maturité durant le voyage vers le pénitencier et plusieurs événements durant le voyage (notamment sa rencontre avec ses grands-parents paternels qui sont blancs…) lui montreront à quel point il est toujours aussi difficile d’être noir aux Etats-Unis. Il est entouré de personnages également touchants : le grand-père qui semble un roc et cache une grande blessure ; la grand-mère malade qui était le pilier de la famille ; Leonie qui n’est que maladresse et rudesse avec ses enfants mais qui porte le chagrin de la mort de son frère. Chacun est finement décrit et avec beaucoup d’empathie.
« Le chant des revenants » est le premier roman de Jesmyn Ward que je lisais mais il ne sera certainement pas le dernier. Parfaitement construit et maîtrisé, le roman nous offre une belle galerie de personnages touchants et marqués par le racisme du Sud des États-Unis.
Merci aux éditions Belfond pour cette découverte.
Magnifique, ce roman ! ❤
Oui, je n’avais encore jamais lu cette auteure et je ne vais pas manqué de lire ses autres livres.
J’ai bois brûlé dans ma PAL et après juin, une pause de deux mois avant… ♫ l’Amérique, l’Amérique ♪ je veux l’avoir et je l’aurai ♪
Même pas peur !!!
Ah mais oui, à force de le croiser sur les blogs, il serait peut-être temps que je le lise !
C’est vrai qu’on l’a beaucoup vu mais il le mérite vraiment !
Il rencontre beaucoup de succès, décidément. Je ne dis pas non !
Et c’est mérité ! C’est grand roman américain qui parle de la condition des noirs aujourd’hui. C’est vraiment édifiant.