Le sanctuaire de Laurine Roux

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« Ni Papa ni Maman n’ont jamais voulu me raconter. Seule June a quelque fois lâché ceci ou cela, avant de se mordre les lèvres. Une usine à poulets, des bêtes qu’on brûle, et un flash qui tourne en boucle sur les écrans, avec cette voix qui se veut rassurante mais provoque le chaos : le virus a muté. Des bribes, rien que des bribes à rafistoler. Je suis née dans le Sanctuaire. » Ce lieu, où est née Gemma, est une cabane au cœur de la forêt. Ils ne sont que quatre à s’y être réfugiés après la catastrophe, à apprendre à survivre en pleine nature. Le père s’y épanouit, il construit, il invente un nouveau mode de vie. Gemma s’est parfaitement adaptée, elle est devenue une chasseuse expérimentée. Son univers va pourtant être ébranlé par l’apparition d’un aigle, qui va bientôt l’a fascinée, et son très inquiétant dresseur.

« Le sanctuaire » de Laurine Roux est un récit parfaitement maîtrisé et sous tension du début à la fin. Il s’agit d’une dystopie, d’un récit post pandémie. Le roman de Laurine Roux m’a évoqué « La route » de Cormac McCarty, « Dans la forêt » de Jean Hegland ou « Et toujours les forêts » de Sandrine Collette. Dans ces romans, la catastrophe, qui a ravagé le monde, est un McGuffin, un prétexte pour créer un monde contraint et contraignant. Car, même si la cabane est en pleine nature, Gemma, sa sœur June et leur mère sont prisonnières. Seul le père s’éloigne du sanctuaire, une dangerosité supposée emprisonne les femmes dans un territoire réduit et délimité. Le père est un personnage intéressant, ambivalent (l’autre personnage masculin l’est aussi) car cette vie sauvage lui convient, il apprend à ses filles à s’y adapter et pourtant c’est une autorité patriarcale qu’il impose à sa famille.

Face à lui se dresse Gemma qui est la narratrice du roman. Elle ne connaît rien du monde d’avant et pourtant c’est bien de son émancipation, de sa prise de distance avec ce que son père lui a enseigné, à laquelle nous allons assister au cœur d’une nature puissante, aussi belle qu’inquiétante. Et le passage à l’âge adulte, l’apprentissage du libre-arbitre de Gemma va se faire de manière surprenante et inattendu, ce qui m’a beaucoup plu. Laurine Roux rend ainsi un hommage à la nature, à sa faune comme sa flore.

« Le sanctuaire » est un roman qui vous agrippe dès les premières pages pour ne plus vous lâcher. La plume de Laurine Roux n’y est pas pour rien, empreinte de poésie, elle crée un univers sensoriel très fort et captivant. L’auteure se révèle une compteuse hors pair dont je lirai avec grand plaisir la premier roman intitulé « Une immense sensation de calme ».

 

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