Le 13 octobre 2007 a lieu, à New Canaan, la procession en l’honneur du caporal Richard Jared Brinklan, tué en Irak. Six ans après ce défilé , un soir d’été, quatre anciens habitants de New Canaan convergent vers cette ville, quatre anciens camarades de lycée de Rick Brinklan reviennent dans la ville qu’ils ont tout fait pour fuir. Chacun d’eux revient pour une raison différente et c’est le hasard qui les réunit à nouveau.
« Ohio » est le remarquable premier roman de Stephen Markley. Son roman choral est ambitieux et sa construction est parfaitement maîtrisée. Chaque partie est consacrée à un personnage : Bill, ancien activiste humanitaire accro à l’alcool et aux drogues, Stacey qui peine à faire accepter son homosexualité à sa famille, Dan qui a perdu un œil en Irak et reste hanté par ce qu’il y a fait, Tina traumatisée par ce qu’elle a vécu durant son adolescence. Chaque récit explore précisément et profondément la psyché de ces personnages qui restent habités par leur adolescence et par trois fantômes d’amis disparus. Ces trentenaires sont une génération désabusée. L’Amérique qu’ils connaissent est celle de l’après 11 septembre, des guerres du Moyen Orient, de la crise économique de 2008. New Canaan est une ville sinistrée où la désindustrialisation a fait d’énormes ravages. Le portrait, que fait Stephen Markley de l’Amérique, est sombre et lucide. Le populisme y est de plus en plus décomplexé et ce sont ces perdants du rêve américain qui vont reprendre espoir en votant pour Trump.
Mais « Ohio » n’est pas seulement une grande fresque politique et sociale. L’intrigue prend de l’ampleur au fur et à mesure et l’on découvre les terribles zones d’ombre de la vie de ces lycéens de New Canaan. Le roman de Stephen Markley se transforme alors en roman noir. Nos quatre personnages semblent tous converger vers un moment précis de cette soirée d’été, un moment que l’on pressent dramatique. La tension grimpe, la noirceur s’étend. Et la cinquième partie balaie tout sur son passage et nous laisse sur les rotules.
« Ohio » est à la fois une fresque politique et un roman noir. Stephen Markley maîtrise parfaitement son intrigue et ses personnages qui sont d’une grande complexité. Un premier roman percutant, éprouvant par moments et absolument saisissant.
Traduction Charles Recoursé.
Décidément je lis beaucoup d’avis positifs, je note
Il m’attend mais quand je te lis, je me dis que je ne devrai pas faire durer l’attente trop longtemps !
Je suis passée royalement à côté 😥
Il m’attend avec impatience, je le sens qui trépigne !
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