Candre Marchère est un beau parti : riche, pieux, une réputation sans tâche, un vaste domaine. Amand Deville le considère comme le mari idéal pour sa fille Aimée. Au 19ème siècle, une jeune femme de 18 ans ne peut refuser une alliance aussi avantageuse, d’autant plus lorsqu’elle est encouragée par un père adoré. Aimée devient donc la femme de Candre et s’installe dans sa demeure nichée au cœur d’une dense forêt. « En voyant la demeure se dresser sur son flanc d’herbe courte, Aimée ne saurait décrire la couleur des murs, ni le nombre de pièces que pouvait abriter pareil lieu. Le château se fondait dans la végétation, comme s’il était né de la forêt, protégé par elle sans qu’elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnant d’abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes et chevaux de Candre. » Dans cette grande demeure, Aimée va côtoyer Henria, la gouvernante, et son étrange fils Angelin. La solitude, les non-dits vont bientôt assombrir les journées de la jeune mariée.
Etonnamment « Seule en sa demeure » est le premier roman de Cécile Coulon que je lisais. L’autrice s’inspirant ici des romans gothiques, je ne pouvais absolument pas passer à côté. Elle respecte d’ailleurs parfaitement les codes du genre et convoque également le souvenir de « Rebecca » de Daphné du Maurier : une maison imposante, une servante unique et très présente, une première femme disparue jeune qui hante l’héroïne. Bien évidemment, Cécile Coulon s’approprie habilement les codes du roman gothique. Elle y insuffle de nouvelles thématiques et tout particulièrement celle du désir. Aimée découvre ce que signifie être mariée, sa sensualité s’éveille au contact de son mari mais pas seulement.
L’écriture de Cécile Coulon est élégante, très travaillée pour coller parfaitement à l’époque et au genre choisis. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire « Seule en sa demeure » mais j’ai un petit bémol. Même si les secrets semblent nombreux au domaine Marchère, même si la forêt est formidablement décrite et contribue à l’atmosphère du roman, j’aurais aimé que celle-ci soit plus sombre, plus inquiétante. La menace, qui s’affirme à la fin du livre, aurait mérité d’être plus appuyée tout au long du roman. La noirceur abyssale dans laquelle nous plongeait Lucie Baratte dans « Le chien noir » m’avait plus convaincue.
« Seule en sa demeure » m’a permis de découvrir enfin la plume de Cécile Coulon, j’ai dévoré son dernier roman et apprécié sa façon de revisiter le roman gothique même si j’aurais voulu que l’ambiance soit plus inquiétante.
Merci aux éditions de l’Iconoclaste pour cette lecture.
il est dans ma PAL depuis sa sortie, je n’ai pas encore pris le temps de le lire!
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A voir si je le trouverais en bibliothèque (celle de ma ville étant peu fournie,…) !