Belfast, été 2014, des incendies volontaires embrasent la ville. Les autorités paniquent, n’arrivent pas à circonscrire ce mouvement violent. Ces Grands Feux sont d’autant plus inquiétants que la parade orangiste du 12 juillet arrive à grand pas. « Entre le soleil et le foot, on estime en général que le Douze de cette année sera particulièrement superbe. La plupart espèrent que les Grands Feux ne vont pas se mettre en travers de leurs réjouissances. D’autres gardent une vieille tendresse pour la violence. Ils ne cracheraient pas sur une bonne petite émeute, si l’occasion se présentait. Ils regardent les nouvelles chaque soir, en espérant que tout cela va germer à temps pour le grand jour. » Dans ce Belfast chaotique, deux pères sont rongés d’inquiétude pour leur progéniture qu’ils pensent promis à la violence, à la destruction.
« Les lanceurs de feu » de Jan Carson est un roman très singulier. L’autrice mélange des pages très réalistes avec un côté fantastique. La partie plus réelle concerne Sammy Agnew, ancien paramilitaire loyaliste, qui a échappé à la prison une fois la paix signée. Mais la violence le rattrape en la personne de son fils Mark. L’autre veine du roman est pris en charge par Jonathan Murray, médecin, effacé, incapable de vivre pleinement sa vie après une enfance solitaire. Il réussit néanmoins à avoir une relation avec une créature mythique qui lui donnera une petite fille. Celle-ci risque de déclencher le chaos et Jonathan ne sait pas comment faire pour l’éviter.
J’avoue avoir un peu moins accroché à la partie surnaturelle. Malgré ce petit bémol, le roman reste fascinant, étrange. Il explore la paternité, l’héritage que l’on laisse à ses enfants entre nature et culture, la culpabilité. Jan Carson signe également de sublimes pages sur sa ville, Belfast. Elle dresse le portrait d’une ville fébrile, toujours sur la qui-vive, intranquille malgré le traité de paix. La violence des ainés pèse toujours sur les épaules des plus jeunes.
« Les lanceurs de feu » de Jan Carson est un roman intrigant, un peu déstabilisant mais d’une grande originalité et inventivité.
pas très surnaturel, je passe mon tour!
le mélange avec le surnaturel me tente moins, mais ayant vécu en Ulster, je note quand même ce titre.