Laura est infirmière, amoureuse d’une femme mariée qui peine à s’engager complètement. Tonio travaille avec Lounès, le petit dealer de la place carrée, il est son chauffeur. Mais il en a assez d’être aux ordres de Lounès, il en veut plus. Mais il y a aussi Joëlle, la femme de ménage, Thierry et Cynthia qui viennent d’avoir un enfant, Idriss qui tente d’épater sa copine Zoé, Raphaël le bibliothécaire ou Fatou victime de violences conjugales. Tous cherchent des solutions pour se sortir de la précarité, avoir une vie plus confortable. Le confinement va les frapper de plein fouet.
« Héroïne » est le deuxième volume des chroniques de la place carrée. Les évènements ont lieu un an après ceux de « Mathilde ne dit rien » (nous avons d’ailleurs le plaisir de recroiser la protagoniste de ce roman dans celui-ci). Comme dans le premier volet, Tristan Saule nous offre un thriller social tendu. Il est constitué de fragments de vie, de moments qui peuvent s’étendre sur plusieurs pages ou sur une seule ligne en laissant la parole aux différents protagonistes. L’ouverture est encore une fois particulièrement réussie. L’auteur alterne à un rythme soutenu les informations sur Laura et Tonio. Toute la question étant de savoir comment leurs destinées vont se croiser alors que leurs vies sont très différentes.
Le projet de la place carrée, un roman par an autour des habitants de ce quartier défavorisé, s’inscrit pleinement dans l’actualité. Ici, nous replongeons dans la stupeur, le désarroi qui nous ont habité au début du confinement et la pression croissante sur les hôpitaux. « On ne s’y fait pas. Une ville morte comme ça, qu’on soit à pied ou en bagnole, c’est quelque chose. Tonio a l’impression d’être le seul survivant d’une catastrophe. En un sens, c’est vrai. A la télé, ils racontent que des gens meurent. Des centaines par jour. Ceux qui restent sont des survivants, non ? Tonio ne sait pas trop quoi penser de cette situation. D’un côté, il se dit que tout ça, c’est des conneries. De l’autre, il a un peu peur. Un tout petit peu. »
« Héroïne », le deuxième volume des chroniques de la place carrée, est une réussite. Roman noir, tendu, à l’écriture nerveuse, il est aussi addictif que « Mathilde ne dit rien ».
Addictif ? Tentant, mais bon, je resterai raisonnable :p