Après une enfance noyée dans l’ennui d’une petite ville de province, la narratrice se confronte au monde du travail dans une brasserie puis un hôtel. Celui-ci la dévore, la consume et peuple ses nuits de cauchemars violents. La mort de sa mère sera l’élément déclencheur qui lui fera tout quitter : « Je voulais me détacher, que personne ne dépende de moi et ne plus rendre de compte à qui que ce soit. M’extraire des sollicitations, couper les ponts et effacer mes traces ; ne plus avoir à choisir, à prendre parti ou position. Ne plus me poser de questions. Je ne rêvais que de passivité muette et ignorante. J’aspirais à l’ombre des coulisses, au repos des désinformés. A la quiétude de l’abandon. » Un accident de moto va sceller son destin. La narratrice se réveille dans une maison au cœur d’une forêt, près des montagnes. Deux femmes, Jeanne et Stella, y habitent et s’occupent d’elle. Le retrait du monde, tant souhaité, s’offre à elle.
Le nouveau roman de Corinne Morel Darleux nous plonge au cœur de la nature sauvage. L’héroïne explore le lâcher-prise, le pas de côté fait par rapport au quotidien, au bruit du monde. Elle va peu à peu s’abandonner à la forêt, à une vie animale que l’autrice décrit avec beaucoup de poésie.
« La sauvagière » prend également des allures de fable onirique. La réalité nous échappe tout au long du roman. Les présences de Jeanne et Stella sont évanescentes, fuyantes. Leurs personnalités mystérieuses évoquent les mythes et légendes dont Corinne Morel Darleux parsème son récit. Entre rêve, réalité, cauchemar, le texte est emprunt d’étrangeté et intrigue son lecteur.
« La sauvagière » est un roman de nature writing au féminin à l’atmosphère onirique et poétique. J’ai apprécié cette ode au pas de côté, cette plongée atypique dans une forêt sauvage mais je suis restée un peu sur ma faim et je n’ai pas été totalement convaincue par ce texte.