Alice Keridreux a la cinquantaine, elle est avocate, un travail qui l’habite. Un soir, une jeune femme se présente à son cabinet. Lisa Charvet a 20 ans et elle a été victime d’un viol six ans plus tôt. Après un premier procès, l’accusé a fait appel et c’est pour la représenter lors de ce deuxième procès que Lisa a besoin d’Alice. Contre l’avis de ses parents, la jeune femme souhaite changer d’avocat, elle a besoin d’un regard féminin sur son dossier, de quelqu’un qui la comprenne et la protège. Car Lisa a de terribles aveux à faire : six ans plus tôt, elle a menti.
« Vous avez senti comme la conviction est une chose fragile ? » Voilà ce qu’exprime avec beaucoup de sobriété, le premier roman de Pascale Robert-Diard. Chroniqueuse judiciaire au journal le Monde, l’autrice dépeint avec beaucoup de véracité les rouages de la justice, les confrontations entre avocats, l’écriture d’une plaidoirie. Le cas de Lisa interroge, questionne l’intime conviction. Elle semble autant broyée par le système que l’accusé, elle a été happée par un engrenage qu’elle n’a pas su arrêter à temps. Les adultes, bienveillants, ont laissé leurs affects remplacer leur jugement et leur capacité de recul sur une situation complexe et douloureuse. Les souffrances de Lisa adolescente étaient bien réelles et son récit est poignant. Tous les personnages sont d’ailleurs parfaitement construits, jamais manichéens. Les zones d’ombre, l’ambiguïté de l’âme humaine sont au cœur du roman de Pascale Robert-Diard.
Réaliste, captivant, « La petite menteuse » nous livre avec justesse et empathie le récit d’une erreur judiciaire et du parcours d’une jeune femme perturbée mais courageuse.
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