Katherine O’Dell, décédée à 58 ans en 1986, était une actrice éclatante du théâtre et du cinéma. Son talent la fit quitter l’Irlande pour Londres, Broadway puis Hollywood. Mais sa chute fut également brutale : elle fut internée dans un hôpital psychiatrique après avoir agressé un producteur de cinéma. « Lorsque son cas fut examiné par un tribunal, nous réussîmes à trouver non pas un mais deux psychiatres qui la déclarèrent folle : elle quitta le tribunal dans le même fourgon blanc qui l’y avait conduite. Au bout de trois ans supplémentaires, elle fut libérée de l’asile, les poches pleines de pilules – une femme profondément diminuée et bientôt mortellement malade, invisible aux yeux des passants qui la croisaient dans la rue. » Pourquoi Katherine O’Dell a-t-elle commis un tel acte ? Qui était-elle ? C’est ce que sa fille Norah se demande, elle va plonger dans les archives de sa mère pour tenter de mieux la connaître et la comprendre.
Anne Enright entremêle le portrait de Katherine O’Dell à celui de sa fille qui se raconte tout en faisant des recherches sur sa mère. Le personnage de Katherine O’Dell est tout à fait fascinant et touchant, passant de l’ombre à la lumière pour retomber dans l’obscurité la plus totale. Son destin est fait de nombreuses zones d’ombre, de douleurs que Norah, écrivaine, découvre. Sa quête la plonge dans les affres d’une époque, d’un milieu. « Actrice » est également le récit d’une relation filiale, celle d’une mère qui tente de rester disponible malgré son succès et de ne pas écraser la personnalité de sa fille. Anne Enright nous offre deux beaux portraits de femmes qui gagnent en épaisseur au fil des pages.
Le début du roman m’a semblé un peu décousu et anecdotique mais la suite m’a beaucoup plu tant le destin tragique de Katherine O’Dell est touchant et incarné.
Traduction Mathilde Bach