Tenir sa langue de Polina Panassenko

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Née Polina à Moscou, elle est devenue Pauline lorsque ses parents s’installèrent à St Étienne. Deux prénoms dont elle pensait pouvoir disposer à sa guise. Mais lorsqu’elle entame des démarches pour son passeport, elle comprend que la mention « autorisée à s’appeler Pauline », sur le décret de naturalisation, rendait obligatoire l’utilisation de son prénom francisé. Polina a bel et bien disparue. La narratrice va alors aller devant les tribunaux pour retrouver son prénom d’origine. Celui-ci lui avait été donné en hommage à sa grand-mère paternelle qui avait du transformer son prénom de Pessah, trop juif, en Polina. Retrouver son véritable prénom, c’est retrouver l’histoire de sa famille, entre la Russie et la France.

« Tenir sa langue » est un roman intime, familial où Polina Panassenko nous conte avec talent et intelligence son arrivée en France et sa difficile intégration. La Russie et la France s’entremêlent, tous les été continuent de se dérouler dans la datcha familiale avec les grands-parents maternels. Les pages consacrées à l’enfance sont remarquables de justesse, elles montrent la fidélité de l’autrice à ses souvenirs, ses sensations d’enfant.

Le premier roman de Polina Panassenko est également (peut-être même surtout) un texte sur la langue. « Russe à l’intérieur, français à l’extérieur. C’est pas compliqué. Quand on sort, on met son français. Quand on rentre à la maison, on l’enlève. » Les deux langues ont chacune un espace bien défini et ne doivent pas se mélanger. La mère se fait gardienne de la langue russe que Polina ne doit pas oublier. Mais son français doit être impeccable, sans aucune pointe d’accent comme les présentateurs du journal télévisé. Il ne faut pas que l’on puisse deviner ses origines, comme il faut masquer le fait de vivre en France en Russie par peur des kidnappings. Polina Panassenko s’amuse beaucoup avec la langue, les malentendus et les incompréhensions de la jeune narratrice lorsqu’elle arrive en France sont très cocasses. Son prénom raconte l’histoire des ses parents, de ses grands-parents mais également celle de la Russie, celle d’une petite fille qui s’est construite entre deux langues et deux cultures.

Polina Panassenko utilise l’humour, l’ellipse et une langue inventive pour nous conter son parcours de la Russie à la France et son combat pour retrouver son prénom. Un très beau premier roman qui m’a totalement conquise.

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