En 1895, Vaclav Skala, propriétaire terrien de Lavaca County au Texas, attend la naissance de son quatrième enfant. Malheureusement l’accouchement se déroule mal et sa femme meurt en donnant naissance à leur quatrième fils, Karel. Vaclav ne se remettra jamais de ce décès : « A compter de ce jour, les gens du coin diraient que la mort de Klara avait transformé cet homme d’un naturel gentil en une personne amère et dure, mais en vérité Vaclav le savait, l’absence de sa femme avait seulement fait resurgir celui qu’il était avant de la connaître, celui que seule cette compagnie féminine avait su adoucir. » Et cet homme est taciturne, austère, dur à la tâche et ses fils doivent le devenir. Ce sont eux qui labourent la terre, le joug sur le cou, ce qui les déformera à vie. Eux qui subissent les coups de Vaclav lorsque le travail est mal fait ou que leur insouciance d’enfants réapparaît. La haine des fils de Vaclav grandit en même temps que le nombre de ses terres. L’arrivée d’un propriétaire espagnol et de ses trois filles va changer le destin de la famille Skala.
« Le sillage de l’oubli » est l’éblouissant premier roman de Bruce Machart, et est une saga familiale sentant la poussière, le tabac et la sueur des hommes comme celle des chevaux. C’est l’histoire de Karel qui prime sur celles des autres membres de la famille. Le livre fait des aller-retours entre trois moments-clés de son existence : 1895 au moment de sa naissance ; 1910 au moment où la fratrie se divise et où Vaclav meurt ; 1924 au moment où sa propre femme Sophie accouche de leur troisième enfant et où Karel est à nouveau confronté à ses frères. Karel est hanté par les évènements du passé : la mort de sa mère qu’il n’a pas connue, la violence et l’indifférence de son père, l’arrivée de Graciela, une des filles du propriétaire espagnol, dont le corps l’obsède. Celle-ci deviendra la femme d’un de ses frères suite à un pari. Le destin chez les Skala n’est pas le fruit du hasard mais le résultat de courses de chevaux. Deux se déroulent en miroir dans le roman, à chaque fois Karel est le représentant de la famille. Il gagne la première mais perd la deuxième face à Graciela et scelle ainsi le sort de ses frères. La vie est âpre à Lavaca County, les habitants le sont également, surtout les hommes dont la virilité ne doit pas être prise en défaut.
La prose de Bruce Machart est puissante, dense et poétique. Il y a dans « Le sillage de l’oubli » un souffle romanesque indéniable qui emporte le lecteur de bout en bout. Cette histoire familiale a des allures de tragédie classique où la fratrie se déchire, la mort frappe et où le poids du passé écrase. Une vraie pépite littéraire à lire absolument.
« Une prose puissante, dense et poétique », dis-tu, assortie d’une narration qui sent la terre et la poussière. Mais je note immédiatement !!! (Décidément, les éditions Gallmeister sont une valeur sûre pour les petites pépites romanesques outre-Atlantique!)
Oui les éditions Gallmeister sont une valeur sûre, je pourrais acheter les yeux fermés n’importe lequel de leurs livres !
Je ne sais pas si ce milieu rural est fait pour me plaire.
Et là, c’est vraiment très, très rural !
Ce roman me tentait déjà, il me tente encore plus après t’avoir lu.
Il faut vraiment te laisser tenter, je n’ai lu que des avis très positifs sur ce roman et j’ai été totalement emballée par ce récit.
Cette collection totem permet de se faire plaisir (suffit d’attendre!)
Oui il suffit d’être patient pour avoir les petits formats et leurs couvertures me plaisent vraiment beaucoup !
Une saga familiale aux allures de tragédie, je note !!
Je trouve vraiment que l’écriture et l’intrigue de Bruce Machart puissantes. Tu sens tout le poids du destin et de la fatalité sur cette famille comme dans les tragédies classiques.
Il me tentait depuis longtemps, mais là, gagné, il me fait encore plus envie !! 😉
Tu peux attendre jusqu’en septembre pour le lire, ça te fera un billet pour le mois américain…oui je sais, je suis un peu maso !
Je trouve aussi… ça va, je n’inonde pas Noctembule de mes billets, je suis sobre 😛
C’est très nature writing? Parce que si cet auteur me tente, j’ai peur de Gallmeister qui n’est souvent pas ma tasse de thé.
Non ce n’est pas si nature sri tint, la nature participé à l’histoire mais sans que cela fois dominant.
Je sais pourquoi je ne suis pas passée ici depuis longtemps ! C’est parce qu’à chaque fois ma LAL s’allonge, s’allonge…. En plus tu me rappelles que ma super libraire (toujours elle !) m’en a parlé avec des tremolos dans la voix et des étincelles dans les yeux. Allez, je renote !
J’aimerais beaucoup rencontrer ta libraire ! Elle est en région parisienne ta super librairie ? Et je suis bien d’accord avec elle, c’est un livre superbe !
Viens la voir quand tu veux ! 😉 Elle est à Orléans et elle et ses collègues prennent plaisir à parler de leurs découvertes et sont très intéressés aussi par ce que les clients peuvent leur faire découvrir. De vrais échanges !
Cela va faire un peu loin pour aller acheter mes livres ! C’est bien d’avoir une librairie aussi ouverte et où l’on te conseille aussi bien.
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