En 1923, Hattie, sa mère et ses sœurs débarquent à la gare de Philadelphie. Elles ont fui la Géorgie ségrégationniste où le chef de famille a trouvé la mort. Peu de temps après, Hattie fait la connaissance d’August de qui elle tombe rapidement enceinte. A 17 ans, Hattie est mariée et mère de jumeaux. Son innocence, sa jeunesse et ses illusions se brisent rapidement. Philadelphia et Jubilee, les jumeaux, tombent malades : une pneumonie dont ils ne réchapperont pas. La suite de la vie d’Hattie balaiera toutes ses espérances. Les grossesses se succèdent, August devient de plus en plus paresseux et tout le poids et la survie de la famille reposent sur les épaules d’Hattie. La misère menace jour après jour la famille.
Le premier roman remarqué et remarquable d’Ayana Mathis est une véritable fresque familiale. Le roman présente sur plus de cinquante ans la vie d’Hattie et de sa famille. L’histoire des Etats-Unis est l’arrière-plan à cette histoire intime : la ségrégation et les combats pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, etc… Le portrait de Hattie se fait sous forme de puzzle. Chaque chapitre est l’histoire d’un des enfants du couple Hattie-August. Chacun pourrait être une nouvelle sans le fil rouge que représente Hattie. On l’appréhende donc de manière fractionnée, par petites touches. Et Hattie est un personnage qui semble ambigu, changeant. A deux reprises, c’est une mère dévastée, terrassée par la douleur que nous découvrons. La mort des jumeaux, l’abandon de son dernier bébé nous montrent une mère habitée par l’amour de ses enfants. Son instinct maternel semble tout puissant mais à travers les mots de ses enfants c’est une femme dure, méchante et brutale qui apparaît. Trop de bouches à nourrir, la peur de ne pas pouvoir éloigner ses enfants de la pauvreté, la perte des espoirs d’une vie meilleure, tout cela semble expliquer la personne qu’est devenue petit à petit Hattie. Et qu’il le veuille ou non, chaque enfant reste marqué par la forte personnalité de leur mère, son empreinte est indélébile. Chacun d’eux se construira ou se déconstruira en réaction à Hattie.
« Les douze tribus d’Hattie » est un roman très ambitieux, à la narration originale et parfaitement tenue. Ayana Mathis raconte le destin d’Hattie sans pathos, sans misérabilisme. Un premier roman parfaitement maîtrisé qui est aussi l’annonce de la naissance d’une grande plume de la littérature américaine.
Comment te dire que tu m’as trop donné envie de lire cette petite merveille que tu décris. Chez Gallmeister ce qui ne m’étonne point 😊
j’en suis ravie ! Et c’est vrai que l’on est jamais déçu avec Gallmeister.
Pingback: Le mois américain 2017 : billet récapitulatif | Plaisirs à cultiver
Beaucoup de qualités pour un premier roman!!!
J’ai eu du mal à croire qu’il s’agissait d’un premier roman tant il est abouti.
oui mais ce n’est pas vraiment dans mes themes..alors je passe….beaucoup trop obscure…
Dommage, dommage…
J’avais beaucoup aimé ce roman…
Ce qui ne m’étonne pas tant ce roman a de grandes qualités.
Je le possède dans ma PAL et toujours pas eu le temps de le lire, et j’ai honte !! Tu vas penser que je ne veux pas faire honneur à ton mois américain ! 🙂
Maintenant, tu devras attendre septembre 2018 pour le lire !!!!
Merde alors !!! 😆
Je l’ai repéré depuis longtemps, il serait temps que je le lise !
Je l’avais également repéré à sa sortie et il était temps que je me décide à le lire ! Les critiques élogieuses n’étaient pas volées, c’est vraiment un grand roman.
Si maintenant il est sorti en poche, plus d’excuse !
C’est exactement ce que je me suis dit !
Dans ma PAL, je voulais même le lire pour ce septembre, mais je n’ai pas eu le temps. Tu confirmes mon envie de le lire!!
L’essentiel est que tu as toujours autant envie de le lire. Ton attente ne sera pas déçue !
Je crois que ce livre est fait pour moi, je note!
Et tu fais bien ! j’ai vraiment été bluffée par son travail, quelle maîtrise pour un premier roman !
J’avais bien aimé ce titre, mais le côté puzzle m’avait gênée, on aurait presque dit un recueil de nouvelles en fait.
Oui, c’est vrai qu’il y a un côté recueil de nouvelles mais Hattie sert quand même de fil rouge aux différentes histoires.
Ca a l’air lourd mais tellement passionnant, surtout avec l’histoire américaine en toile de fond !! je note
C’est sûr que ce n’est pas un livre très joyeux, c’est plutôt le contraire ! Mais quel talent à mettre en scène cette saga familiale.
Pingback: Bilan livresque et films de septembre | Plaisirs à cultiver