Nell, 17 ans, et sa sœur Eva, 18 ans, vivent dans la maison familiale sur la côte ouest des Etats-Unis. Elles vivent dans une maison isolée à côté d’une vaste forêt. Elles sont d’autant plus coupées du monde que celui-ci a radicalement changé : plus d’électricité, plus d’essence, plus de téléphone et plus d’internet. Elles ne savent pas ce qui s’est passé, des rumeurs de catastrophe, de guerre, de virus ont couru. « Pendant tout l’hiver dernier, les journaux – quand nous arrivions à les avoir – croulaient sous les nouvelles de désastres, et je me demande si ce n’est pas la convergence de toutes ces catastrophes qui nous a conduits à cette paralysie. » Malheureusement pour les deux jeunes filles, leurs parents sont morts : la mère d’un cancer avant les événements et le père d’un accident quelques mois auparavant. Nell et Eva sont totalement livrées à elles-mêmes et les réserves, faites par leur père, diminuent dangereusement.
« Dans la forêt » a été publié en 1996 aux Etats-Unis et a été sorti des limbes de l’édition par les éditions Gallmeister en 2017. Lire le roman d’anticipation de Jean Hegland en pleine canicule, le rend encore plus réaliste et glaçant. « Dans la forêt » est bien entendu également un roman d’apprentissage et de survie pour Nell, la narratrice, et sa sœur. Le mode de vie des deux jeunes femmes n’est, au départ, pas si différent de d’habitude. Il faut dire que leur quotidien a toujours été l’isolement. Comme la maison était très reculée par rapport à la ville la plus proche, Nell et Eva n’allaient pas à l’école. Elles n’ont donc pas d’amis (ou très peu), ne connaissent pas leurs voisins, les contacts avec le monde extérieur ne leur manque donc pas tant que ça. Elles ont l’habitude de vivre en vase-clos. La mort de leur père a néanmoins changé totalement la situation. Elles doivent dorénavant apprendre à vivre, à se nourrir totalement seules. Ce qui leur permet de tenir, ce sont leurs envies pour leurs vies futures car la situation va forcément finir par revenir à la normale. Nell veut entrer à Harvard et lit toute l’encyclopédie. Eva veut devenir danseuse et elle continue à s’entraîner sans musique et avec des chaussons qui tombent en lambeaux.
Bien évidement, la situation ne va pas s’arranger et Jean Hegland sème de nombreuses embûches sur le chemin de ses deux personnages. La forêt qui les entoure, se montre aussi menaçante qu’accueillante. « Il n’y a aucune échappatoire. Même le feu dans le poêle semble menaçant. (…) Nous sommes cernées par la violence, par la colère et le danger, aussi sûrement que nous sommes entourées par la forêt. La forêt a tué notre père, et de cette forêt viendra l’homme -ou les hommes- qui nous tueront. » Et effectivement, la violence va interrompre le quotidien que Nell et Eva avaient mis en place pour tenir. Mais cela va les obliger à enfin s’adapter, à se rapprocher de cette forêt, de cette nature qui peut tant leur apporter. Et finalement, la conclusion du roman devrait être une leçon, être plus proche de la nature, la respecter et la connaître peut nous permettre de mieux vivre.
« Dans la forêt » est un roman totalement réussi et maîtrisé de bout en bout. L’écriture est fluide, la tension savamment distillée, le rapport avec la nature puissant et les deux personnages centraux sont absolument incarnés.
Il me faisait déjà bien envie et ce n’est pas ton avis qui va me dissuader !
Non, c’est sûr ! Je ne peux que t’encourager à le lire !
Il est dans ma PAL pour une lecture prochaine …
J’espère que tu l’apprécieras autant que moi.
Tiens je ne savais pas qu’il datait de 96… J’avais beaucoup aimé aussi, notamment la manière dont est dépeinte la relation entre les deux soeurs, à la fois troublante, et très touchante.
J’ai lu dans un article de Télérama la date de sortie du roman et j’étais également très étonnée. Nos préoccupations actuelles sur la climat rentrent parfaitement en résonance avec le propos du roman.
Un très bon souvenir de lecture pour moi aussi – je l’offre ou le conseille d’ailleurs régulièrement.
C’est un très beau cadeau ! Un peu angoissant mais très puissant ! 😉
Des personnages incarnés, tout à fait d’accord ! un coup de coeur ! bon début de mois américain, Titine !
Ce sont des personnages que l’on ne peut pas oublier. Je ne sais pas ce que vaut l’adaptation au cinéma.
j’avais trouvé cette forêt un peu oppressante … et avec une écriture tellement juste …
La forêt est effectivement très inquiétante et protectrice à la fois. J’ai beaucoup aimé cette ambivalence que l’on sent bien dans le roman.
oh tout un livre a lire….il semblerait…..
oh tout un livre a lire….il semblerait…
Je ne peux que te le conseiller !
J’avais prévu de le lire et puis enlevé de mes listes … pour y retourner ? c’est le côté roman d’apprentissage qui me gêne ….les enfants…ça m’emballe moyennement.
Elles sont toutes les deux adolescentes, les problématiques auxquelles elles doivent faire face sont loin de l’enfance.
J’ai beaucoup aimé ce livre également. Mon billet est programmé pour le 03/09.
J’apprends dans ton billet qu’il a été publié en 1996 aux USA. Il est très actuel, la réflexion sur les ressources de la planète est plus vive aujourd’hui.
J’étais surprise aussi de voir la date de parution initiale, il semble tellement actuel.
Là à sa sortie, bien aimé. Dis-moi, pour le récap sur ton blog, tu auras une page ou pas ? C’est pour savoir quel lien je peux mettre dans mes bas de pages pour renvoyer à ton blog. :p
Tu as vu l’adaptation avec Ellen Page ?
Non, pas du tout, j’ai du retard niveau ciné !
Je ne sais pas si le film est sorti en Europe. Je ne l’ai pas vu non plus mais je vais essayer de le trouver.
Quand tu auras cherché et trouvé, fais-moi signe
♫ Il suffira d’un signe, un matin ♪
j’ai adoré! Quelle force!
Oui, c’est un roman d’une grande puissance narrative.
Je ne connaissais pas mais je le note car il a l’air vraiment prenant !
Oui, il est d’autant plus prenant qu’il nous semble bien réaliste aujourd’hui !
Pingback: Billet récapitulatif – mois américain 2019 | Plaisirs à cultiver
Pingback: Sauvage de Jamey Bradbury | Plaisirs à cultiver
Pingback: Le grand vertige de Pierre Ducrozet | Plaisirs à cultiver