Voici un mois de juillet bien rempli, avec sept livres, et très éclectique comme j’aime ! Du côté des romans déjà chroniqués, j’ai passé un excellent moment en compagnie de Croquette, le carlin héros du livre de Stéphane Carlier ; j’ai enfin lu mon premier roman de R.J. Ellory avec « Le jour où Kennedy n’est pas mort » et j’ai poursuivi ma découverte du fantaisiste Romain Meynier avec son premier roman « Revoir Marceau ». J’ai achevé la lecture des Rougon-Macquart avec « Le docteur Pascal », j’essaierai de vous faire un bilan de mes lectures de la fresque d’Emile Zola. Je vous parle très rapidement de deux courts romans que j’ai adorés : « La maison dans l’impasse » de Maria Messina qui parle de la condition féminine dans la Sicile du début du 19ème et « Notre château » d’Emmanuel Régniez qui revisite les romans gothiques.
Et côté cinéma, j’ai également vu sept films :
Jean-Pascal, 38 ans, acteur au chômage, veut lancer une marche de contestation noire place de la République. Pour donner de la visibilité à son projet, il contacte des personnalités de la communauté comme Gloria Tgabo, Joey Starr, Fabrice Eboué, Eric Judor ou l’humoriste Fary qui finit par suivre de près le projet. Le problème, c’est que Jean-Pascal est maladroit, naïf et peut-être un peu benêt. Ses rencontres avec des vedettes tournent à la catastrophe.
Jean-Pascal Zadi utilise le biais d’un faux documentaire pour faire l’état des lieux de la visibilité de la communauté noire en France. Les séquences s’enchaînent, hilarantes et souvent complètement déjantées comme celle qui voit s’affronter Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste ou celle où Eric Judor comprend qu’il est noir et pas seulement autrichien ! Mais d’autres scènes soulignent le racisme latent dans notre société. Dans un casting, Jean-Pascal se voit proposer le rôle d’un dealer violeur et dans un autre, Mathieu Kassovich lui mesure la largeur des narines parce qu’il cherche un noir et pas un black. Le côté potache du film s’arrête totalement lorsque Jean-Pascal se fait brutalement interpeller par la police. « Tout simplement noir » n’est donc pas qu’une énorme farce. Les numéros des différentes personnalités, leur autodérision sont vraiment excellents.
Le film débute comme une belle carte postale de vacances : Chloé, Tim et leur fille Tommy habitent une belle maison où il fait bon vivre et leur quotidien ressemble à une publicité pour Ricoré. Mais cette situation est une belle illusion, la famille vit en réalité dans un bateau amarré dans un port breton. Tim aime à raconter des histoires et à faire marcher sa fille. L’inattendu, la fantaisie sont au cœur de la vie de Tim et Chloé. Et on sent que Tommy, qui va faire sa rentrée au collège, aimerait un peu plus de stabilité. Elle semble être un peu mise à l’écart par ses camarades. En lui montrant « Freaks », son père lui explique que la morale du film est de toujours se méfier de la normalité. Pas évident à suivre pour une pré-ado…
Le film de Bruno Merle m’a fait penser à « Little miss Sunshine » pour le côté lumineux et la famille dysfonctionnelle. Il y a beaucoup de fraîcheur dans cette jolie comédie et beaucoup de tendresse pour les trois personnages principaux. Le comportement fantasque de Tim n’est jamais jugé, même lorsqu’il va trop loin. Les aventures rocambolesques de la famille ne cessent de nous surprendre et la réalité n’est jamais celle que l’on croit. Pio Marmaï fait merveille dans le rôle de ce père décalé au passé trouble et perpétuellement en mouvement.
Et sinon :
- « L’envolée » de Eva Riley : Leigh, 14 ans, est une jeune gymnaste qui vit près de Brighton. Son père est souvent absent, la jeune fille doit se débrouiller toute seule. Introvertie, solitaire, Leigh n’a pas d’amies et elle se consacre entièrement à son sport. Un jour, son demi-frère, Joe, débarque chez elle. Leigh ne savait pas qu’il existait. « L’envolée » est un film réaliste britannique comme je les aime. Le contexte social reste en retrait par rapport aux films de Ken Loach (même si les camarades de gym de Leigh se moque de sa combinaison moins à la mode que les leurs). Le film se concentre sur la relation lumineuse entre le frère et la soeur. Le courant passe immédiatement entre eux. Joe, petit délinquant, entraîne sa soeur dans ses larcins, ses fêtes, ses balades à moto. La complicité entre Leigh et Joe permet à l’adolescente de sortir de sa réserve, de prendre confiance. Les deux acteurs, Frankie Box et Alfie Deegan, sont confondants de naturel et rendent leurs personnages terriblement attachants. Voilà deux personnages que l’on a du mal à quitter et on aimerait avoir des nouvelles !
- « Été 85 » de François Ozon : Alexis est interrogé part la police, une éducatrice à propos d’un crime qu’il aurait commis. Il ne veut pas parler et c’est son prof de français qui trouve la solution. Alexis doit écrire ce qu’il a vécu durant cet été 85. C’est sa rencontre avec le séduisant David qui va changer le cours de sa vie. Alexis tombe totalement sous le charme de David, indépendant, imprévisible et dévorant la vie à pleine dent. Mais David vit tout à 100% et ses amours sont éphémères. Alexis est gagné par une jalousie dévorante. Été 85 a le charme des premiers amours estivaux. Alexis se laisse submerger par ses sentiments. Cet été lui apprendra également que l’amour est plus complexe, plus cruel que ce qu’il pensait. Sa rencontre avec David sera une initiation a bien des niveaux. François Ozon nous parle, à travers son récit, de la manière dont on écrit les histoires et dont on réécrit la réalité. Le seul problème du film est que dès le départ nous savons qu’un drame a eu lieu, l’intrigue se développe comme un thriller. Mais ce qu’a fait Alexis ne valait pas tant de bruit et la révélation tombe un peu à l’eau. Cela n’enlève rien à la fraîcheur, la spontanéité des deux acteurs principaux : Félix Lefebvre et Benjamin Voisin.
- « Irrésistible » de Jon Stewart : Après l’élection de Donald Trump, le moral de Gary Zimmer, consultant démocrate, n’est pas au beau fixe. C’est une petite vidéo qui va le sortir de sa déprime, celle d’un fermier qui défend les sans-papiers lors d’un conseil municipal. Gary décide de se rendre dans la ville du Wisconsin où a été tournée la vidéo pour faire élire le fermier comme maire. Il sent en lui le renouveau dont ont besoin les démocrates. Mais son arrivée fait du bruit et attire la redoutable Faith Brewster, consultante chez les républicains. « Irrésistible » est une satire piquante et réjouissante du monde politique actuel. Nos deux consultants sont cyniques, arrogants et méprisants avec les habitants de cette bourgade rurale. Ils arrivent avec tout leur attirail technologique, des analystes, des statisticiens pour une simple élection locale. Une démesure qui montre à quel point ils sont totalement déconnectés de la réalité. Leur condescendance en prendra un coup à la fin du film qui s’avère être particulièrement malicieuse. Rose Byrne et Steve Carell sont évidemment irrésistibles dans le rôle des deux consultants bouffis de suffisance.
- « Lucky strike » de Kim Yong-Hoon : Un homme, effectuant le ménage dans un sauna, trouve un sac laissé par un client dans un casier. Le sac est rempli de billets de banque. L’employé cache le sac et se laisse le temps de réfléchir à ce qu’il va en faire. Le point de départ du film de Kim Yong-Hoon n’est qu’une infime partie de son intrigue. Plusieurs histoires, plusieurs personnages (une femme battue, un fonctionnaire de l’immigration, un prêteur sur gages, une hôtesse de bar) se développent en parallèle. On se doute que les différentes intrigues vont se rejoindre, les différents personnages se croiser à un moment ou à un autre. La construction du film évoque celle de « Pulp fiction », et la violence qui va avec. Le sac rempli d’argent est à la base de tout et déclenche des évènements en cascade. Nos personnages sont tous attirés par l’appât du gain et sont prêts à tout pour garder le magot. Le personnage le plus emblématique du film, le plus machiavélique et le plus cruel, est tenu par une femme ce qui est inhabituel dans un thriller. Extrêmement bien ficelé, ménageant de nombreuses surprises, « Lucky strike » mélange l’humour et jeu de massacres avec efficacité.
- « The climb » de Michael Angelo Covino : Mike et Kyle, deux amis, font du vélo ensemble. Kyle va bientôt se marier et Mike lui annonce qu’il a couché avec sa future femme. Il choisit la montée pour le lui avouer afin qu’il ne puisse pas le rattraper. Suite à cette scène d’ouverture, ce sont une dizaine d’années d’une amitié particulière qui se développe sous forme de séquences drôlatiques. Entre embrouilles et retrouvailles, l’amitié de Mike et Kyle est tumultueuse. Mike est imprévisible, instable depuis la mort de sa femme (qu’il a piquée à Kyle), il est devenu ce que l’on appelle un boulet. Il semble incapable de ne pas gâcher la vie du trop gentil et conciliant Kyle. Et pourtant, les deux hommes ne peuvent vivre l’un sans l’autre. La caméra de Michael Angelo Covino est très mobile, virtuose dans certaines scènes comme celle qui se situe à Noël et où le dîner est montré de l’extérieur. Le réalisateur joue le rôle de Mike et son co-scénariste celui de Kyle. On espère que le film n’est en rien autobiographique !
Bonjour Tina, j’ai lu Le chien de Mme Halberstadt il y a quelques mois. Je ne m’en souviens déjà plu même si j’ai eu du plaisir à le lire sur le moment. Il faut dire que le confinement est passé par là. Pas lu les autres que tu cites. Quant au cinéma, j’ai 3 des 7 films de ta liste: Eté 85, un bon Ozon, Lucky Strike, j’ai passé un bon moment et Irrésistible : pas mal du tout mais c’est resté très peu à l’affiche. Dommage. Bonne après-midi.
Un bilan riche, ciné et litté !! 🙂 Bon mois d’août, Titine ! A bientôt.
Bravo à toi !! 😉 Profites bien du mois d’août parce qu’après, c’est septembre !!