« Quand Marceau partit avec la voiture et les clés de la maison, j’étais sous la douche ; l’eau inondait la cabine, m’éclaboussait les yeux ; je chantais à tue-tête Pour que tu m’aimes encore, ce qui suffisait à couvrir les chevaux du moteur ; je n’ai rien entendu. Pas la porte qui claque, ni le mécanisme de la serrure m’enfermant, ni les graviers sous les pieds de Marceau, ni, peut-être, ce qu’elle a pu hurler de définitif avant de m’abandonner seul, coincé dans une courte longère en rase campagne française, un jour avant notre retour à Paris. » Sans moyen de transport, enfermé dans sa maison de famille en Lozère, notre narrateur va devoir trouver des solutions alternatives pour regagner Paris et retrouver sa fiancée, Marceau.
Je continue à découvrir le talentueux Romain Meynier avec son premier roman « Revoir Marceau ». J’ai retrouvé ce qui m’a séduit dans « L’île blanche » : un narrateur anti-héros lunaire et en perpétuel décalage, des situations incongrues et drôles. Le narrateur ne sait pas exactement pourquoi Marceau l’a quitté de manière aussi brutale mais il prend la situation avec stoïcisme et philosophie. Les péripéties de notre narrateur pour rejoindre la capitale vont l’amener à s’inquiéter pour un troupeau de mouton dont le propriétaire est décédé, à voyager dans la camionnette d’un curé de campagne aimant photographier des nus, à croiser des agriculteurs en colère bloquant les rails de la SNCF, à errer dans les rayons d’un magasin de sport pour s’acheter une raquette de badminton (sport qu’il ne pratique pas). Les situations, les personnages cocasses se multiplient, l’imprévu émaille le voyage sans que cela ne perturbe outre mesure le narrateur de cette folle escapade ! Comme dans « L’île blanche », le narrateur est incroyablement attachant en raison de sa manière décalée de réagir à chaque situation.
« Revoir Marceau » m’a permis de retrouver avec grand plaisir la fantaisie de Romain Meynier et sa plume élégante et poétique.
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