Le pouvoir du chien de Thomas Savage

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Montana, années 1920, Phil et George Burbank travaillent dans le ranch familial. Les parents ont pris leur retraite en laissant leurs fils gérer la grande exploitation. Phil est un cow-boy à l’ancienne, il est rustre, n’aime pas se laver et il domine les employés qui travaillent au ranch. Mais il est également extrêmement brillant et charismatique. George est rondouillard, maladroit, taiseux. Leur vie à deux est bien calée, routinière. Et c’est George qui va tout faire imploser en épousant la veuve d’un médecin, Rose. Phil est stupéfait par le choix de son frère et n’apprécie guère le changement imposé par son mariage. Il compte bien faire payer Rose en lui rendant la vie insupportable et il en fera de même avec son fils Peter qui viendra également vivre au ranch.

« Le pouvoir du chien » fut publié en 1967 et créa quelques remous à sa sortie. La figure centrale du cow-boy solitaire, fort et virile est effectivement mise à mal et questionnée dans le roman. C’est donc au mythe de l’Ouest américain que s’attaque Thomas Savage. « Le pouvoir du chien » est basé sur un jeu de de pouvoir, de domination. Tout se joue entre les quatre personnages principaux (Phil George, Rose et Peter). Nous sommes quasiment dans un huis-clos psychologique. Phil exerce son pouvoir sur son entourage, il domine depuis toujours son frère sans que celui-ci se rebelle. Phil est brutal mais on sent également chez lui une vraie dépendance à son frère. Phil vit dans la nostalgie de leurs jeunes années. L’époque change pourtant, la modernité (électricité, voiture) s’impose et les Indiens disparaissent de la région et sont emmenés dans des réserves (ils font l’objet d’un chapitre magnifique et très touchant). Le monde qu’a aimé Phil disparait sans qu’il puisse faire quoique ce soit. En revanche, il peut en vouloir à Rose de le priver de la compagnie exclusive de son frère.

L’intrigue se développe lentement, le malaise s’installe au fur et à mesure des humiliations endurées par Rose. L’arrivée de Peter, jeune homme gringalet et contemplatif, modifie les forces en présence au ranch. Mais je vous laisse découvrir ce qu’il adviendra à ce quatuor. Et il vous faudra attendre les dernières lignes du roman pour le savoir !

« Le pouvoir du chien » est un roman âpre, au rythme lent, un roman quasiment psychologique où s’affrontent les membres d’une même famille. Indubitablement un grand classique de la littérature américaine.

Traduction Laura Derajinski

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21 réflexions sur “Le pouvoir du chien de Thomas Savage

  1. dans ma pal depuis un an (beaucoup moins que certains 😉 ) j’hésite toujours un peu à m’y lancer à cause de ce rythme très lent.

    • Je l’avais également depuis quelque temps dans ma pal et je suis bien contente de l’en avoir sorti. Il s’agit plus d’un roman psychologique que d’un western, il n’y a pas beaucoup d’actions.

  2. Je te remercie d’avoir suggéré ce titre pour la thématique d’aujourd’hui : il traînait dans ma PAL depuis un bon moment, et je l’avais un peu oublié, à vrai dire. J’ai beaucoup aimé la tension subtile et croissante qu’installe l’auteur, et la complexité de ses personnages. Rien n’y est simple, ou conforme à la première impression… Un grand roman, oui.

    • Tu m’en vois ravie ! Oui les personnages sont plus complexes qu’il n’y parait. Phyl est particulièrement réussi et j’ai également beaucoup aimé Peter et ce que l’on découvre de sa personnalité à la fin.

  3. Pingback: Billet récapitulatif – Le mois américain 2020 | Plaisirs à cultiver

  4. Je rejoins ce que tu dis de Phil, je l’ai ressenti comme le personnage finalement le plus perdu des quatre. Il tente de garder son pouvoir et s’égare tant il ne voit pas que le temps des cows boys est révolu !

  5. J’ai trouvé également ce huis-clos familial très convaincant

    Les personnages sont très subtils et je crois que je m’en souviendrais longtemps….
    Bonne soirée

  6. J’ai également aussi beaucoup aimé ce roman noir américain. Très étonnant. la fin m’a beaucoup plus. J’en parle ici: https://artdelire.org/2019/04/09/le-pouvoir-du-chien/
    ça m’a donné envie de voir la série télé Yellowstone que j’ai englouti dans la foulée. Je repense à la scène du père et de son fils indien qui traverse le ranch. C’est une tristesse cette scène. ça fait froid dans le dos de voir comment ils sont traités.

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