« Le passé est un pays étranger : on y fait les choses autrement qu’ici. Quand je découvris le journal, il était au fond d’une boîte à cols en carton rouge assez fatiguée, dans laquelle, petit garçon, je mettais mes cols d’Eton. Quelqu’un, ma mère, probablement, l’avait remplie de trésors datant de cette époque. » Ce journal est celui de l’année 1900, Léon Colston, aujourd’hui adulte, avait alors 12 ans. Il y a consigné ses journées en pension et surtout ce qu’il a vécu durant l’été de cette année-là. Léon fut invité par un camarade d’école à séjourner pendant les vacances dans sa demeure de Brandham Hall, dans le Norfolk. Léon est quelque peu intimidé par les adultes qui l’entourent mais il tombe rapidement sous le charme de Marian, la sœur aînée de son camarade. Celle-ci doit épouser Lord Trimingham mais son cœur est pris ailleurs. Marian va proposer à Léon d’être son messager auprès de l’homme qu’elle aime mais en lui mentant sur la teneur de ses missives.
« Le messager » de L.P. Hartley est un classique de la littérature anglaise paru en 1953. Ian McEwan s’est d’ailleurs inspiré de ce roman pour écrire son magnifique « Expiation ». « Le messager » a été adapté en 1971 par Joseph Losey et en 2015 par la BBC (c’est par cette adaptation que j’ai découvert cette histoire).
Léon Colston se replonge dans ses souvenirs de cet été 1900 très chaud et qui bouleversa totalement le reste de sa vie. Ce qui m’a frappée dans ce roman est la finesse des descriptions des sentiments, l’acuité de l’analyse psychologique notamment pour le personnage de Léon. Jeune garçon de 12 ans, il est naïf, emprunté, lunaire. Son cœur, sa loyauté ne cessent de pencher pour l’un ou pour l’autre des personnages du triangle amoureux. Il est épris de Marian mais il comprend également qu’elle le manipule. Il est fasciné par Lord Trimingham essentiellement en raison de son titre. L’amoureux de Marian n’est quant à lui qu’un fermier mais il a des qualités humaines et physiques que Léon admire. L’été 1900 est l’occasion de prises de conscience pour lui : celle de la différence de classe, celle de ce que signifie aimer. Cet apprentissage sera douloureux, le goût du secret de Léon oblitérera les dangers et la cruauté de la situation.
« Le messager » est un roman magnifique : sa construction est parfaitement maîtrisée, l’écriture est d’une grande fluidité, le personnage de Léon est très émouvant et son épilogue est saisissante de beauté nostalgique. Un petit bijou de la littérature anglaise comme je les adore.
Traduction Denis Morrens et Andrée Martinerie
Je ne connaissais pas du tout ce classique. Il a l’air de dégager une atmosphère que j’aime beaucoup.
Bonsoir, Très bon roman lu il y a longtemps et le film de J. Losey est très réussi. Bonne soirée.
Déjà sur les listes à lire … Je le garde du coup !
Le messager, mais oui, bien sûr, ce film magnifique de Losey ! Je ne savais pas que c’était un classique anglais au départ. Merci du conseil, cette année en Angleterre démarre bien … Et cette collection Vintage m’a déjà fait découvrir des textes superbes !
Ah là là, je vais d’abord lire la trilogie publiée par la Table Ronde puis je m’offre celui-ci !
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Un auteur que je ne connais pas du tout mais ton avis me donne envie : je note !