« Le parfum des fleurs la nuit » est le troisième livre de la collection « Ma nuit au musée » que je lis. Après avoir suivi Léonor de Récondo au musée Greco de Tolède et Santiago Amigorena au musée Picasso de Paris, j’ai cette fois accompagnée Leïla Slimani à Venise où elle passa une nuit dans le Fondation Pinault en décembre 2018. Ce projet lui fut proposé alors qu’elle était en train d’écrire « Le pays des autres ». Ce n’est pas le plaisir de se retrouver seule devant des œuvres d’art qui a convaincu Leïla Slimani mais bien la possibilité de s’extraire du monde, d’être inatteignable et inaccessible aux perturbations extérieures. « Être seule dans un lieu dont je ne pourrais pas sortir, où personne ne pourrait entrer. Sans doute est-ce un fantasme de romancier. Nous faisons tous des rêves de cloître, de chambre à soi où nous serions à la fois les captifs et les geôliers. » Durant cette nuit passée à la Punta della Dogana, Leïla Slimani digresse autour de la littérature, des mystères de l’écriture, elle convoque de nombreux écrivains comme Stefan Zweig, Virginia Woolf, Robert Louis Stevenson, Rainer Maria Rilke, Sandor Marai, Milan Kundera, Charles Baudelaire ou Valery Larbaud.
Peut-être est-ce la position de Venise, entre Orient et Occident, qui ramène Leïla Slimani au Maroc qu’elle a quitté vingt ans plus tôt. Elle se souvient de ce que signifiait être une jeune fille au Maroc où tout se jouait dans une tension entre le dedans et le dehors. Les fantômes de son passé s’animent au fil de la nuit et notamment celui de son père dont elle parle avec beaucoup de pudeur et d’émotion. Cette déambulation dans la Fondation Pinault est l’occasion d’une introspection où l’art qui entoure l’auteure n’a que peu de place (à l’exception des photos de Berenice Abbott) et la laisse perplexe.
Avec lucidité, nostalgie, Leïla Slimani nous livre un texte finalement très intime, loin de l’exercice de style que la commande pouvait provoquer et où elle questionne l’art d’écrire et ce que cela signifie d’être libre.
Merci Netgalley pour cette lecture.
Il me tente bien depuis qu’elle en a parlé à LGL 😉
Une collection que je découvre avec ton article et qui me tente beaucoup, surtout celui écrit au musée Picasso. Peut-être que je comprendrai enfin pour quoi Picasso m’échappe totalement …