« Une enfance de château » est le premier volume des mémoires de Gerald Hugh Tyrwhitt-Wilson, baron Berners. Il y raconte son enfance jusqu’à l’âge de onze ans. « J’estime que mon enfance consiste en mes années à la maison et en mes quatre premiers trimestres à Elmley : bien que je sois resté à Elmley quatre ans au total, ces quatre trimestres me semblent contenir tout le nécessaire pour élucider l’histoire psychologique de mes premières années. » Bien que ce texte soit resté inédit en France jusqu’à récemment, Lord Berners était une figure de l’entre-deux-guerres : compositeur, peintre, écrivain et un excentrique comme seule la haute société anglaise sait en produire.
Il nait en 1883 dans une famille où les traditions de l’époque victorienne sont très marquées. Seules les apparences comptent, il faut savoir garder son rang. Les parents de Lord Berners, surtout sa mère, car son père est souvent absent, souhaitent un apprentissage viril pour leur fils unique. Malheureusement pour eux, le jeune garçon déteste la chasse, le sport et notamment le cricket. Il leur préfère la musique et la littérature. Une sensibilité qu’il devra apprendre à cacher durant ses années au pensionnat, ainsi que son attirance pour les hommes.
Ce premier volet des mémoires de Lord Berners est truffé de références culturelles (Jane Austen, Charles Dickens, Shakespeare, William Blake, Chopin, George du Maurier, etc…) et surtout d’une ironie réjouissante. Les titres de certains chapitres donnent le ton : « Interlude sadique », « Sports collectifs et littérature », « L’épisode du lancer de bible ». L’irrévérence et l’humour pince-sans-rire sont de mises et certaines facéties du jeune garçon sont délectables.
« Une enfance de château » nous permet de découvrir le fantaisiste Lord Berners dont la sensibilité artistique fut contrariée par la morale victorienne. Un texte drôle, piquant qui donne envie de lire la suite des mémoires de l’auteur.
Traduction Anatole Tomczak
J’espère que le traducteur a fait des progrès. Je n’ai pas du tout été emballée par sa traduction de « Portrait de Dorian Gray-non censuré » dans la même collection..