1936, Betsy Canning mène une vie confortable entre sa maison londonienne, sa demeure de vacances à Pandy Madoc au Pays de Galles, ses trois enfants et son mari Alec qui connait un certain succès dans l’écriture de livrets d’opérette. Pourtant, elle ne se sent pas satisfaite, pas pleinement heureuse. « Elle n’avait jamais été comblée par l’existence, elle avait toujours été en quête de quelque chose qu’elle ne pouvait nommer, de quelque chose qui ne se produisait jamais. Lorsqu’elle se réjouissait d’un évènement à venir, il finissait par se produire, était bientôt du passé avant de lui sembler n’être jamais survenu. L’expérience lui échappait. Elle n’avait jamais vécu dans l’instant, n’avait jamais capturé ce moment éternel entre passé et avenir qu’est le maintenant. » Elle propose à Alec de divorcer dans un consentement mutuel et amical. Malheureusement ses proches, et surtout sa belle-mère, vont s’en mêler pour sauver leur mariage et les apparences. Les choses vont alors tourner à l’aigre.
Après « Tessa » et « Le festin », j’étais enchantée de retrouver la talentueuse Margaret Kennedy. « Divorce à l’anglaise » est le récit de l’inévitable désagrégation d’un couple mais également d’une famille. Chacun sera touché, impacté par la séparation de Betsy et Alec. C’est notamment le cas de leurs trois enfants qui auront des difficultés à trouver leur place dans cette nouvelle composition familiale. Margaret Kennedy décrit avec beaucoup d’acuité et de justesse les sentiments de ses personnages, leur relation aux autres.
Si le début du roman nous laisse à penser que nous sommes dans une comédie (le chapitre 2 entre les deux belles-mères est hilarant), la suite se révèlera plus amère. L’histoire de Betsy et Alec est finalement un beau gâchis, leur orgueil aura raison de leur mariage. Margaret Kennedy nous rappelle à quel point divorcer entre les deux guerres restait compliqué même si les mœurs évoluaient. Rester célibataire ensuite l’est d’ailleurs tout autant.
Parfaitement construit, « Divorce à l’anglaise » est le roman d’une séparation mais également celui des compromis, de l’âge adulte et de la reconstruction. Le temps fait son œuvre et il faut s’en accommoder. Dense, profond, ce roman de Margaret Kennedy m’a totalement conquise.
Traduction Adrienne Terrier
J’ai moi aussi aimé cette oscillation entre comédie et drame, cette ironie qui cache un côté plus profond. Et puis c’est un livre toujours très pertinent aujourd’hui malgré son léger côté suranné.
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