Trois semaines de vacances à la campagne, à Kington, c’est le programme de la famille Crane. Harriet, l’aînée, arrive la première et décide d’aller se promener. Alice arrive ensuite, elle a oublié ses clefs et n’est pas venue seule. Karim, le fils de son ex, l’accompagne. Puis, c’est au tour de Fran, la benjamine, de rejoindre la maison familiale avec ses deux jeunes enfants. Roland, le frère, arrivera le lendemain avec sa nouvelle femme, Pilar, d’origine argentine, et sa fille d’un précédent mariage, Molly. Comme chaque année, chacun reprend son rôle dans la fratrie. Comme chaque année, Kington devient le huis-clos où les rivalités, les tensions remontent à la surface malgré le cadre rassurant et idyllique. « Quand la famille se retrouvait à Kington, ils avaient pour habitude de rester cloisonnés à la maison, ne se rendant en voiture qu’en ville ou à un kilomètre ou deux, jusqu’au point de départ d’une de leurs promenades préférées, ou pour accomplir l’éternel pèlerinage à une librairie d’occasion qu’ils affectionnaient, à l’intérieur des terres. Ils donnaient comme excuse qu’ils ne se lassaient jamais des balades qui partaient du seuil de la maison. C’était bien plus que juste se retirer sur soi par paresse : dès leur arrivée, le passé de la maison les enveloppait, tous retournaient à ses habitudes, ses répétitions, absorbés par ce qu’on faisaient autrefois à cet endroit. Ils étaient ensuite incapables de distinguer une année de vacances à Kington d’une autre. » Cette fois, pourtant, le temps passé à Kington risque d’être mémorable.
Je ne connaissais pas du tout Tessa Hadley avant de lire « Le passé » et j’espère que le reste de son travail sera traduit. Ce roman évoque le théâtre de Tchékov (des sœurs et frère se retrouvent dans leur maison de campagne) mais aussi à Henry James pour l’aspect psychologique. Chaque personnage est finement étudié et caractérisé. Ce qui intéresse également Tessa Hadley est la manière dont ils interagissent les uns avec les autres. Cette réunion familiale fait remonter les rivalités, les jalousies, chacun mesure la réussite de sa vie à l’aune de celle de ses frère et sœurs. Chacun pousse les autres dans leurs retranchements et à s’interroger sur leurs choix de vie futurs. Les générations, les sexes s’affrontent dans la maison familiale. Et le passé, les souvenirs hantent les lieux, affleurent à chaque instant. Tessa Hadley nous aide à mieux comprendre la famille Crane avec un long flash-back inséré au milieu du livre. Le passé est au cœur du présent. Tessa Hadley sait magnifiquement décrire les tressaillements de l’âme. Elle sait aussi rendre avec minutie les bruissements de la campagne qui entoure ses personnages.
Subtilement, finement, Tessa Hadley étudie les membres de la famille Crane au moment où ils pensent solder leurs comptes avec le passé. Un beau roman qui s’inscrit totalement dans la tradition de la littérature anglaise.
merci beaucoup de cette découvert et de ce plaisir futur 😉
J’espère que cette lecture sera également un plaisir pour toi !
Tu m’intéresses là, je note.
Il est passé un peu inaperçu ce roman malheureusement. L’auteure n’est pas connu en France alors qu’elle a une bonne réputation en Angleterre.
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Bon, ben je vais être OBLIGEE de le lire 😀
Oui, je crois que ça s’impose !!!
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