L’écrivain, poète et scénariste Laurie Lee raconte, dans « Rosie ou le goût du cidre », son enfance dans les Cotswold. Le livre débute juste après la première guerre mondiale. La mère de l’auteur vit seule avec les enfants du premier mariage de son époux et ceux qu’ils ont eu ensemble. Le père quitta la maison lorsque Laurie avait trois ans : « Dans l’attente, nous vécûmes là où il nous avait laissés ; vestige de sa jeunesse provinciale, encombrante nichée campagnarde trop incongrue pour qu’il pût l’emmener avec lui. Il nous envoyait de l’argent, et nous grandîmes sans lui. En ce qui me concerne, il ne m’a pas manqué. J’étais parfaitement heureux dans ce monde de femmes, tout brouillon qu’il pût être, houspillé, chahuté au jour le jour, ficelé comme l’as de pique ou poupiné, grondé, admiré, aspiré dans les airs par un soudain déluge de baisers ou déposé et oublié au milieu des assiettes sales. » Laurie Lee égrène ses souvenirs au fil de grandes thématiques comme la cuisine, hiver et été, les oncles, etc… Se dégagent des souvenirs une impression de joie de vivre et une nostalgie. Ce petit village des Cotswold, avec ses traditions, est amené à disparaître en raison du progrès, des transports qui l’ouvrent au monde et le changent en retour. On sent un très fort attachement à cette vie pauvre, rude mais riche en sensations. Les saisons brutales, violentes (aussi bien le froid que le chaud) rythmaient la vie ; les fêtes de village l’égayaient ; l’école essayait (souvent vainement) de discipliner ce petit monde.
Et celui de Laurie Lee est peuplé de figures emblématiques : les oncles, qui « (…) devinrent des figures de légende » aux destinées fantasques et imprévisibles ; les deux grands-mères vivant à proximité l’une de l’autre mais se détestant jusqu’à la mort ; les trois demi-sœurs et les deux frères tous solidaires et éclatants de vie. Et au centre de la famille, il y a l’attachante figure de la mère, rêveuse, extravagante, brouillon, toujours en retard pour prendre le car et attendant fidèlement le retour de son homme. Le portrait ne cache pas les défauts, les travers mais il est aussi infiniment tendre et plein d’amour. « Cependant, en dépit de tout cela, elle éclaira nos têtes de pioche d’imperceptibles étincelles de beauté. »
L’écriture imagée, poétique de Laurie Lee est un enchantement qui donne vie et profondeur à ses souvenirs. Le récit a la douceur, la pureté de l’enfance même s’il est loin d’être idéalisé. « Rosie ou le goût du cidre » est un classique en Angleterre, plusieurs fois adapté que je vous conseille de découvrir.
Quelle chronique Titine! Je l’avais déjà repéré sur WD of course. L’adaptation de 2015 était assez sympa!
Merci Fanny, c’est gentil ! Je l’ai également lu grâce à Whoopsy, of course !
Les extraits donnent envie.
Tant mieux, c’est vraiment un livre qui mérite d’être plus connu.
J’avais lu un autre roman de cette auteure que j’avais beaucoup aimé !
Je vais essayer d’en lire d’autres mais je pense que Laurie Lee n’est pas beaucoup traduit en français.
Tout pour me plaire ça !
Je pense qu’effectivement cette vie à la rude pourrait t’intéresser.
Pourquoi pas, le sujet et le cadre me plaisent bien.
Et c’est un témoignage qui n’enjolive pas du tout les choses, c’est ce qui le rend vraiment intéressant.