La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier

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1932, Violet Speedwell a 38 ans, elle est célibataire et travaille comme dactylo pour une compagnie d’assurances à Winchester. Elle s’est installée récemment dans la ville après avoir fui Southampton et sa mère devenue trop acariâtre. La famille a connu plusieurs décès :  l’ainé, George, durant la guerre et le père. Violet a également perdu son fiancé Laurence, lui aussi sur le champ de bataille. L’autre frère, Tom, est revenu sain et sauf et a fondé une famille. Violet aspirait à plus d’indépendance et celle-ci est le but de son déménagement à Winchester. La nouvelle vie de Violet est loin d’être facile, son maigre salaire de dactylo ne lui permet pas de manger à sa faim et elle est logée dans une pension où elle est aussi surveillée qu’elle l’était par sa mère. C’est lors d’une visite à la cathédrale que Violet va faire une rencontre décisive. Elle y découvre le cercle des brodeuses qui confectionnent des agenouilloirs et des coussins pour la cathédrale. Violet fera tout pour entrer à son tour dans le cercle et laisser une trace durable dans la cathédrale.

Tracy Chevalier a décidément l’art de nous plonger dans des époques historiques variées. Cette fois, elle a choisi l’Angleterre de l’entre deux guerres. Une Angleterre et des familles  qui sont profondément meurtries par les nombreux jeunes hommes disparus sur les champs de bataille. Violet fait partie des femmes « excédentaires », victimes collatérales de la guerre et qui sont condamnées à rester sans mari. Dans la société de la petite ville de Winchester, il est difficile d’évoluer en étant une femme célibataire. Tous les gestes, les rencontres sont scrutés et doivent correspondre aux bonnes mœurs. Ces vieilles filles, qui n’ont pas forcément choisi cet état civil, sont vues comme des fardeaux, leurs familles devront un jour ou l’autre pourvoir à leurs besoins. C’est ce que Violet veut éviter à tout prix. Elle prend donc sa destinée en main en venant vivre à Winchester.  Le chemin vers l’émancipation sera long et parfois douloureux pour Violet. Sa participation au cercle de brodeuses va l’aider à s’épanouir et à s’assumer. Elle y croise des femmes déterminées et sûres d’elles comme Miss Louisa Pesel, fondatrice bien réelle du cercle des Brodeuses de Winchester. Ce sont ces rencontres, les amitiés qui en découlent qui vont soutenir Violet vers l’émancipation malgré le regard des autres. Au fil des pages, Violet affirme sa personnalité, ses choix et elle en devient de plus en plus attachante.

« La brodeuse de Winchester » est un roman d’émancipation à la tonalité fortement féministe. La plume fluide de Tracy Chevalier accompagne le désir d’indépendance de Violet Speedwell et nous offre un très beau moment de lecture. Les descriptions de l’art de broder sont absolument splendides et participent à l’atmosphère riche et réussie du livre.

 

5 réflexions sur “La brodeuse de Winchester de Tracy Chevalier

  1. J’aime beaucoup Tracy Chevalier ! Je viens de terminer « Le récital des anges » qui parle -entre autres- des suffragettes.

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