Domenico Trevi, dit Mimi, est fou de douleur. Son fils de 15 ans, Michele, s’est suicidé en se jetant par la fenêtre. Mimi veut venger sa mort, faire couler le sang. Car Mimi n’est pas n’importe qui, il est à la tête de la Sacra Corona Unita, la mafia des Pouilles. Sa colère, sa rage vont s’abattre sur Nicole, une adolescente qui avait rejeté les avances de Michele et lui avait brisé le cœur. Ni la femme de Mimi, ni sa fille Arianna n’arriveront à l’apaiser. Mimi fait enlever Nicole et il la séquestre dans une maison éloignée en attendant de décider de son sort. Le jeune Veli est chargé de sa surveillance.
« Je suis la bête » est le premier roman d’Andrea Donaera, un roman percutant et puissant. Le fond et la forme sont parfaitement maîtrisés. Le cœur du roman est le délitement d’une famille, celle de Mimi, qui va nous mener jusqu’au drame. « Je suis la bête » a la noirceur et la fatalité des tragédies grecques. La tension est présente tout le long du roman, tout comme la violence que Mimi distille au fil des pages. Chaque chapitre donne le point de vue de chacun des personnages. Chacun y expose ses peurs, ses rages, ses pulsions violentes. Et l’emprise terrifiante de Mimi est visible sur chacun.
La langue d’Andrea Donaera nous fait pénétrer dans la psyché de tous les personnages, les voix sont parfaitement distinctes, les personnages sont tous incarnés. L’écriture est brute, gutturale, crue et nous prend aux tripes. Andrea Donaera rend son récit hypnotique en utilisant des répétitions, comme celle du mot basta qui revient sans cesse dans la bouche de Mimi et scande le texte. De plus, le début et la fin du roman se font écho, se répondent pour clore la boucle. La langue d’Andrea Donaera est souvent proche de l’oralité et cela est du au fait que « Je suis la bête » fut au départ un texte théâtral. Une langue, qui pour toutes ces raisons, est proprement saisissante.
« Je suis la bête » marque la naissance d’un écrivain, d’une nouvelle voix de la littérature italienne, une voix importante qui manie la langue avec brio.
Traduction Lise Caillat
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