Après le décès de son père, Florent se sent perdu, apathique. Pour le sortir de sa torpeur, son ami Philippe lui propose de l’accompagner au cimetière du Père Lachaise où il doit s’occuper des racines d’un arbre qui ont engorgé des canalisations. Lors de sa visite, Florent découvre la tombe de Guillaume Apollinaire. Pour se remémorer cet instant, il rapporte chez lui un morceau de bois. A partir de là, Florent semble obsédé, habité par le poète. Sa vie bascule de plus en plus dans l’étrange.
J’ai pris grand plaisir à lire le deuxième roman d’Alexandra Koszelyk. Elle rend ici un très bel et original hommage à Guillaume Apollinaire. Le poète est évoqué au travers de chapitres où ses proches parlent de lui : Picasso, Marie Laurencin, Louise de Coligny, Jacqueline Kolb, Annie Playden, le frère de Guillaume et bien d’autres. Tous évoquent un être lumineux, flamboyant, aussi amoureux de la vie que des femmes et habité par la poésie. Chacun de ses chapitres s’intercale avec ceux consacrés à Florent. Ils dessinent un beau portrait du poète mort trop tôt et qui continua d’exister au travers des souvenirs de ceux qui l’ont aimé.
Mais « La dixième muse » n’est pas qu’un portrait de Guillaume Apollinaire. Le début du roman est réaliste puis il glisse progressivement vers le fantastique, la magie. L’attachement d’Apollinaire à la nature, aux arbres prend de l’ampleur au fur et à mesure. Florent se reconnecte à la nature par le biais de la poésie, il prend conscience de sa part protectrice et nourricière. Il comprend qu’il fait partie d’un tout. Et l’œuvre d’Alexandra s’enfonce toujours plus loin dans le merveilleux, le mythologique pour nous entraîner vers une fin un peu déconcertante et étonnante. L’antiquité rejoint le présent, la nature la poésie dans un final aux allures de conte.
« La dixième muse » est à la fois un bel hommage à Guillaume Apollinaire, une fable gothique et écologique qui explore la frontière entre le réel et la fiction. Alexandra Koszelyk nous rappelle qu’il y a de la magie dans notre monde et qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour s’en apercevoir.
Le père Lachaise, Apollinaire c’était bien parti mais je doute que la partie magie- nature me convienne .