« Il m’avait demandé de préparer le thermos pour le voyage. Je suis allée à la cuisine où j’ai fait le thé, j’y ai mis le lait, le sucre et je l’ai versé dans le thermos, j’ai vissé à fond le petit gobelet et je suis retournée dans le bureau. C’est alors qu’il m’a montré le dessin. J’ai pris le revolver dans le tiroir de son bureau et j’ai tiré. J’ai tiré dans les yeux. Il y a si longtemps déjà que je pensais le faire une fois ou l’autre. » Suite à cet acte terrible, la narratrice va marcher sans but dans les rues de Turin. Elle se remémore sa rencontre avec son mari, leurs années de mariage et ce qui l’a amenée à accomplir l’irréparable.
Avec « C’est ainsi que cela s’est passé », je découvre la grande écrivaine italienne Natalia Ginzburg. Son court roman est le récit d’un naufrage annoncé. Pas de coup de foudre ou de passion au commencement de ce couple, la narratrice, qui ne sera jamais nommée, est une jeune femme seule : (…) ma vie me paraissait si vide et mélancolique. » N’ayant jamais connu l’amour, elle ne tarde pas à en éprouver pour cet homme plus âgé qui s’intéresse à elle. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que ses sentiments ne pourront jamais être réciproques. Quatre années de mariage l’attendent où l’indifférence, la distance vont prendre la place de la tendresse et de l’affection.
Un mariage qui est basé sur le mensonge et qui interroge la place de la femme. Nous sommes dans les années 50 dans une Italie post-fascisme. La narratrice travaille comme enseignante tant qu’elle n’est pas mariée mais, comme sa mère, elle devient ensuite femme au foyer. Son milieu bourgeois ne semble lui offrir aucune autre possibilité. Seule son amie Giovanna reste libre de toute attache. Ce qui ne s’avèrera pas très satisfaisant non plus. Les conventions sociales sont bien loin d’accepter des femmes non mariées.
D’une écriture sèche, sans lyrisme, Natalia Ginzburg dissèque les sentiments d’une jeune femme qui a perdu ses illusions après quatre ans de mariage.
Traduction Georges Piroué
ça semble effectivement très sec !
Hummmm !! L’amour.