C’est dans un parc d’attractions sur le Far West que Peter se rend compte qu’il y a un problème avec les photos. Son amie Gwendo essaie de prendre un indien en photo mais seul le paysage apparaît sur l’écran du téléphone. Rapidement, le problème ne concerne pas que les photos, le présentateur du journal télévisé n’apparaît plus non plus à l’antenne. Le phénomène interroge et il semble que « le nuage » soit tellement saturé de portraits, d’images de personnes que plus rien ne s’y imprime. Pire, des personnes prises en photo ou filmées au XIXème siècle réapparaissent. On les surnomme les grêlons et ils reviennent sur terre par ordre chronologique. Certains sont très attendus comme le grêlon d’Arthur Rimbaud. Mais rapidement, on s’aperçoit que les grêlons sont amorphes, apathiques et ils ne savent plus parler. Que faire d’eux, d’autant plus que leur nombre devient inquiétant ?
L’année dernière, j’avais été totalement envoûtée par le premier roman d’Olivier Mak-Bouchard « Le dit du mistral » et je n’ai pas été déçue par « Le temps des grêlons ». Même si l’auteur nous plonge à nouveau dans une fable, l’univers de son deuxième roman est totalement différent du premier. « Le temps des grêlons » est un roman dystopique qui critique subtilement un monde où l’image de soi, sa mise en scène domine. Le texte regorge de trouvailles et d’inventions. L’idée de départ ne s’essouffle à aucun moment et elle est parfaitement exploitée du début à la fin.
Le début du roman est léger, le narrateur et ses amis sont encore enfants, leur regard est naïf et amusé par les évènements. La candeur laisse peu à peu la place à la gravité, les enfants grandissent et les temps s’assombrissent. Les trois amis, Peter, Gwendo et Jean-Jean, sont infiniment touchants, j’ai apprécié de les suivre, de les voir évoluer dans ce monde inquiétant et finalement menaçant. Et puis il y a Arthur Rimbaud…mais là je vous laisse découvrir le rôle qu’il occupe dans cette histoire.
Olivier Mak-Bouchard réussit à nouveau à surprendre son lecteur en créant un univers singulier où l’imagination et l’inventivité sont reines. « Le temps des grêlons » m’a transportée et je n’ai qu’une hâte : lire le prochain roman de l’auteur !
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