« C’est pas rien une île… C’est un bout de terre planté au milieu de l’océan. Un caillou peut-être, mais avec la mer autour. Un truc magique, un endroit d’où tu peux pas te barrer comme ça, juste sur un coup de tête. Et même pour la rejoindre d’ailleurs ! Une île, ça se mérite. Faut prouver qu’on est digne de l’atteindre, faut être à la hauteur. » Et c’est ce que met en péril la construction d’un pont et ce qui bouleverse les habitants. Certains veulent stopper la construction à tout prix. Léni, qui travaille sur le dernier chantier naval de l’île, regarde sans prendre partie. Il est indécis, il n’identifie pas réellement ce que le pont va changer dans sa vie. Le travail commence à manquer, son ex compagne rechigne à lui laisser la garde de leur fille. Léni n’est pas très optimiste quant à ses perspectives d’avenir. C’est là qu’il fait connaissance d’une journaliste-photographe, Chloé, venue faire un reportage sur la construction du pont.
Martin Dumont nous offre un roman plein d’humanité, nous présentant avec simplicité le quotidien d’une population troublée par la construction du pont, par cet inconnu qui va inévitablement modifier leurs vies. Chaque chapitre correspond à un élément de constitution du pont et montre ainsi l’avancée des travaux comme le changement de Léni. Car le pont est une métaphore du personnage central : faut-il s’ouvrir au monde ou rester isolé ?
L’auteur dresse le portrait d’une petite communauté accueillante et chaleureuse : Christine qui tient le café de l’île et chante accompagnée de son accordéon, Marcel le patron du chantier naval qui a tout appris à Léni, Stéphane le pêcheur qui refuse le pont, Karim le collègue loyal de Léni. Les relations entre eux sont pudiques ce qui n’empêche pas la profondeur des sentiments. Et on sent que le cœur du roman, pour Martin Dumont, se trouve dans ses personnages, qu’il regarde avec tendresse et qui nous touchent immanquablement.
Sensible, social, humain, « Tant qu’il reste des îles » m’a enchantée de la 1ère à la dernière page.
Je suis très tentée ! J’adore retrouver les îles en littérature ( comme en vrai d’ailleurs ! ) La problématique du pont, de l’accès à l’extérieur, en général, est souvent évoquée d’ailleurs par les îliens comme un dilemme.
Comme Athalic j’aime beaucoup les romans se déroulant dans un contexte insulaire (je suis en train d’ailleurs de lire L’homme de Lewis de Peter May). Ils sont toujours empreints d’une ambiance particulière, formule cocon ou formule prison… Ton article me donne très envie de découvrir celui-ci et suivant les conseils de mister Wilde, je vais céder à la tentation ! 😁
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