Cracovie 1893, Zofia Turbotynska est mariée à un professeur d’université et elle essaie de gagner sa place dans la haute société de la ville. Ambitieuse et audacieuse, elle choisit donc de s’engager pour une cause caritative : les soins apportés aux malades et aux pauvres. C’est ainsi qu’elle fréquente la Maison Helcel qui est tenue par les sœurs de la charité. Lors de l’une de ses visites, une résidente, Mme Mohr, semble introuvable. Finalement, la vieille dame sera retrouvée morte dans le grenier. Crise cardiaque…mais Zofia, grand lectrice d’Edgar A. Poe, pressent que ce décès n’est pas naturel. Elle décide de mener l’enquête.
« Madame Mohr a disparu » est le premier volume d’une série qui doit aller de 1893 à 1946, nous montrant ainsi l’évolution de la ville de Cracovie. La reconstitution de l’époque est d’ailleurs l’un des points forts du roman. En 1893, Cracovie est une ville provinciale qui fait partie de l’empire austro-hongrois et de nombreuses nationalités, langues et religions s’y côtoient. Maryla Szymiczkowa (qui est en fait un duo constitué de Jacek Dehnel, romancier, et Piotr Tarczynski, historien) insère de véritables évènements et personnalités dans l’intrigue.
Ce roman policier historique est marqué par un ton ironique et satirique, ce qui le rend particulièrement réjouissant. Que ce soient les réparties bien senties de Zofia, ou les auteurs qui se moquent de leur héroïne, j’ai passé un excellent moment entre les pages de ce roman. Zofia est un personnage très réussi, aussi attachante qu’agaçante par sa pingrerie et son besoin de réussite sociale. L’appartenance à une classe sociale est essentielle dans la Cracovie de cette fin du XIXème siècle et tout le roman tourne autour de l’idée d’ascension sociale.
« Madame Mohr a disparu » est un cosy crime historique savoureux, bien construit, plein d’ironie et qui nous propose un personnage principal haut en couleurs.
Traduction Marie Furman-Bouvard
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