Arrivant à Paris du fin fond de la Lozère à l’âge de 22 ans, Céleste Albaret y rejoint son mari Odilon, chauffeur de son état. Ne sachant rien faire, ni ménage ni cuisine, l’employeur de son mari lui propose de porter ses colis. Il se trouve que celui-ci n’est pas ordinaire puisqu’il s’agit de Marcel Proust. Il offre rapidement à Céleste de venir le seconder à plein temps. Dans l’appartement de l’écrivain, elle apprend l’art du téléphonage, à renvoyer les fâcheux, devient experte en essence de café et en paperolles.
J’avais lu les mémoires de Céleste Albaret intitulées « Monsieur Proust » et j’avais trouvé l’admiration qu’elle portait à l’écrivain particulièrement touchante. J’étais donc ravie de retrouver Céleste grâce à la talentueuse Chloé Cruchaudet. Et cette bande-dessinée a été un énorme coup de cœur. Elle nous plonge dans l’intimité de Marcel Proust, dans son quotidien où Céleste joue tous les rôles et se démène pour son confort. Mais le plus beau dans ces pages est la façon dont Chloé Cruchaudet matérialise le processus de création de l’artiste. La dessinatrice y fait preuve d’une merveilleuse inventivité.
La dessinatrice arrive également à rendre compte de la singularité de la relation qui se noue entre Céleste et M. Proust. Totalement improbable, cette amitié n’aurait jamais du exister. Céleste, modeste et naïve, va pourtant se rendre indispensable au génial dandy souffreteux et névrosé. Un duo étonnant qui est magnifié par les dessins virevoltants et élégants de Chloé Cruchaudet. A chaque lieu, sa couleur, l’aquarelle sublime l’ensemble et le texte de la Recherche s’inscrit tout naturellement dans le dessin.
« Céleste » est le premier volet d’un diptyque dont je suis impatiente de découvrir la suite. Un bijou, une merveille, il ne faut manquer cette bande-dessinée sous aucun prétexte.
Cette BD m’attend…
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