Bilan livresque et cinéma de février


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Quatre romans en ce mois de février dont je vous reparle rapidement. « Le livre de perle » sera sans aucun doute mon coup de cœur du mois. Quatre bandes-dessinées que je vous conseille toutes. « Le joueur d’échecs » de David Sala est un véritable bijou autant sur le fond que sur la forme. « Opération Copperhead » de Jean Harambat est une bande-dessinée d’espionnage dans la lignée des films anglais de Alfred Hitchcock. « Les beaux été » est une tendre, drôle et émouvant histoire d’une famille qui part en vacances, il existe trois tomes à la série qui décrivent des périodes différentes de la vie de cette famille. « Culottées tome 2 » de Pénéloppe Bagieu est bien entendu à la hauteur du premier volet !

Et côté cinéma, sept films à mon actifs avec des coups de cœur :

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Gaspard prend le train pour assister au remariage de son père. Sur le trajet, il croise le chemin de Laura à qui il demande de l’accompagner. La fantasque jeune femme accepte sans savoir où elle va mettre les pieds. La famille de Gaspard possède et s’occupe de l’entretien d’un zoo et elle est assez particulière. Le père est volage, la soeur se prend pour un ours et porte en permanence la peau  de l’un d’eux sur les épaules,. Seul Virgin, le frère, semble avoir la tête sur les épaules mais il en veut à Gaspard d’être parti. Les jours avant le mariage promettent d’être imprévisibles. Le troisième long métrage de Antony Cordier est une totale réussite. Il nous entraîne dans un univers fantaisiste (le père reçoit ses enfants tout en se baignant dans un aquarium), poétique, mélancolique (flash-backs sur une enfance heureuse et une mère lumineuse et disparue trop tôt) mais tout cela est traité avec beaucoup d’humour. Le film est le récit d’émancipation de Gaspard et des autres membres de la famille. Chacun va finalement trouver sa propre place en dehors du cocon familial. Le film est porté par des acteurs tous inspirés : Félix Moati qui fait jusqu’ici une excellente carrière, Laëtitia Dosch et son grain de folie, Christa Théret, Guillaume Gouix que j’aimerais voir plus souvent, Marina Foïs, Elodie Bouchez. 1h45 d’une douce et poétique drôlerie.

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Dans les années 50, Reynolds Woodcock est le couturier le plus demandé à Londres. Il habille les têtes couronnées européennes de robes à l’élégance classique. Sa maison de couture est dirigée d’une main de fer par sa sœur Cyril. Lui ne s’occupe que de créer et de s’enfermer dans ses manies de vieux garçon. Les femmes l’ennuient vite et Cyril se charge de les faire partir. Mais leur routine va être rompue par la nouvelle conquête de Reynolds : Alma, une serveuse rencontrée dans une auberge. Celle-ci compte bien s’immiscer dans le duo et obliger le couturier à l’aimer par tous les moyens. « Phantom thread » est sans doute le film le plus sobre de Paul Thomas Anderson. Le fil narratif n’est interrompu par aucune ellipse, la forme est d’un classicisme glacé à la Hitchcock. D’ailleurs, la silhouette vêtue de noir de Cyril n’est pas sans évoquer la Mrs Danvers de « Rebecca ». « Phantom thread » est un jeu de domination. Reynolds est dominé par sa soeur qui le garde dans ses manies et ses tics, Alma est dominé par Reynolds qui lui impose son mode de vie et sa soeur. Mais la poupée Alma échappe à son créateur et se montre plus déterminée qu’il n’y parait sur son joli et sage minois. Avec patience, elle renverse mes choses établies. Le jeu tout en retenu de Vicky Krieps traduit bien l’abnégation du personnage qui cache une volonté inflexible. Il fallait avoir du talent pour ne pas faire pâle figure aux côtés des deux grands acteurs que sont Daniel Day Lewis et Lesley Manville. Un trio d’acteurs qui fonctionnent parfaitement et installent une relation complexe et perverse.

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Coney Island dans les années 50, Ginny vit avec son mari, au cœur du parc d’attractions. Ginny est une ancienne actrice qui s’illusionne sur ses succès passés. Elle est aujourd’hui serveuse, lasse et malheureuse. Sur la plage, elle rencontre Mickey, un sauveteur. Ils deviennent amants et l’imagination de Ginny s’enflamme. La situation se gâte lorsque sa belle-fille, Carolina, revient à la maison. Mickey et Carolina tombent amoureux. Le dernier film der Woody Allen est très ancré dans le théâtre. Ginny semble perpétuellement jouer une scène. Les éclairages sont très accentués et colorés. Les lumières sont omniprésentes dans l’appartement de Ginny et l’éclairent de façon dramatique. La grande scène de Ginny est extrêmement mélodramatique, presque surjouée. Kate Winslet fait ici penser à Vivian Leigh dans « Un tranway nommé désir ». Elle est au bord de la rupture, sa fragilité nous saute au visage. La prestation de kate Winslet est une nouvelle fois admirable. Le film est une tragédie, il est d’une grande noirceur et teinté par l’amertume de son héroïne. Sous ses couleurs pop, « Wonder wheel » est un film bien cruel envers son héroïne mais c’est aussi ce qui en fait la saveur.

Et sinon :

  • L’insulte de Ziad Doueiri : A Beyrouth, un rien peut mettre le feu aux poudres. Yasser est un chef de chantier palestinien dans le quartier de Tony, chrétien libanais. La gouttière du dernier n’est pas aux normes. Yasser lui signale et lui répare. Tony démolit le travail fait et récolte une insulte. Il réclame alors des excuses à Yasser. Le conflit de voisinage s’envenime et se termine devant le tribunal. Le film de Ziad Doueiri est un formidable film politique et de réconciliation. Il ne prend pas partie et montre les souffrances des deux camps. Apprendre à mieux comprendre l’autre est le début d’une possible entente. Les deux héros du film seront chacun bourreau et victime. Le réalisateur montre qu’un pays ne doit rien oublier de son histoire s’il veut vivre en paix. L’insulte est un excellent film de procès servi par deux acteurs (Adel Karam et Kamel El Basha) jouant toutes en nuances.

 

  • Ni juge, ni soumise de Yves Hinant et Jean Libon : Une partie de l’équipe de la regrettée émission Striptease a suivi pendant trois ans une juge d’instruction belge, Anne Gruwez. A la façon de l’émission belge, Yves Hinant et Jean Libon ne donnent aucun commentaire sur ce qu’ils filment. Anne Gruwez est un sacré personnage, truculente, au langage cru. Elle semble ne se laisser démonter par aucune situation (il faut la voir arriver avec une ombrelle rose fushia pour assister à une exhumation dans un cimetière !). Mais derrière l’humour, on voit également une juge d’instruction impliquée, humaine face à la misère, à la violence et au désarroi des personnes passant dans son bureau. Le dispositif du film rappelle celui de Raymond Depardon dans « Délits flagrants » en plus belge et surréaliste !

 

  • Cro man de Nick Park : Dans une jolie vallée luxuriante, vit une joyeuse tribu de l’âge de pierre. Les habitants vivent de la chasse aux lapins (qui sont souvent les plus malins). La vie coule paisiblement jusqu’à ce que la vallée soit colonisée par des hommes de l’âge de bronze. Ils veulent conquérir la vallée qui possède une mine d’or. La petite tribu ne se laisse pas faire et la possession de la vallée se jouera au football ! On retrouve avec grand plaisir le travail méticuleux des studios Aardman. Le style est bien là : les personnages ont des bouilles incroyables, c’est coloré, drôlissime, plein de clins d’œil à notre époque. Et comme souvent, ce qui sauve les hommes ce sont leurs animaux de compagnie ! C’est un régal, un excellent moment qu’il ne faut surtout pas bouder.

 

  • Le retour du héros de Laurent Tirard : Lorsque le capitaine Neuville part sur les champs de bataille napoléonien, il laisse une fiancée éperdue de tristesse. Il lui promet d’écrire tous les jours…promesse qu’il ne tient pas. Voyant dépérir sa sœur dans l’attente des lettres de Neuville, Elisabeth se met à lui en écrie. Elle invente un capitaine flamboyant, héroïque qu’elle finit par faire mourir au combat. Mais le capitaine Neuville revient… « Le retour du héros » est une comédie piquante aux dialogues savoureux. Dans les nobles demeures, nous assistons à une véritable joute verbale entre un homme prétentieux, voleur et couard et une demoiselle d’une trop grande modernité pour son époque. Pas de surprise quant à la prestation de Jean Dujardin à qui ce genre de rôle va comme un gant. En revanche, on découvre une Mélanie Laurent à qui la comédie sied à merveille.

 

11 réflexions sur “Bilan livresque et cinéma de février

  1. Je n’ai vu que Phantom Thread, parmi ta liste, et je n’ai pas du tout accroché… bon il faut dire que suite à une lecture trop rapide de la programmation ciné, je pensais avoir affaire à un thriller ! Autant te dire que je me suis ennuyée !

    • Je comprends que tu te sois ennuyée ! Phantom thread est tout sauf un thriller !!! En revanche, je te conseille « Jusqu’à la garde » qui, sous couvert d’une histoire de divorce, est un thriller.

  2. Moi aussi j’ai lu tres récemment « toutes les vagues de l’océan » de Victor del Arbol. Je vous fais partager mes impressions.
    Ce livre démarre autour de Gonzalo Gil qui veut faire la lumière sur la mort de sa sœur et, pour ce faire, va plonger dans les secrets de l’histoire familiale marquée par la figure héroïque du père.
    Adeptes des romans feel good, fuyez ! Ce livre évoque la désillusion, le poids du secret, la vengeance et tout cela en nous ramenant dans les périodes sombres de l’histoire contemporaine (terreur stalinienne, guerre civile espagnole, 2eme GM). Mais le style de l’auteur est remarquable. L’intrigue vous embarque de suite et, au delà, l’auteur nous pousse à la réflexion sur les terrains tant politiques, sociologique ses que psychologiques. Un livre à multiples facettes qui le distinguent ! J’en suis venue à regretter que le livre ne compte que 600 pages…

    • Je partage totalement ton enthousiasme sur le roman de Victor del Arbol. C’est un livre foisonnant qui entrelace le passé et le présent, la grande histoire et la petite, l’intime et le collectif, l’amour et la haine. Et effectivement, l’écriture de del Arbol est particulièrement prenante. J’en parle en détail très bientôt !

  3. Comme tu le sais, je partage ton coup de cœur pour Gaspard va au mariage ❤
    Et ton billet me fait penser qu'il faudrait vraiment que je lise la BD adaptée du Joueur d'échecs 🙂

    • Le joueur d’échecs est vraiment une merveille, les dessins sont splendides. Je regrette de ne pas l’avoir acheté au salon de Montreuil pour avoir une dédicace.

  4. J’aurai bien aimé voir Wonder Wheel mais je n’en ai pas eu l’occasion, j’aime beaucoup Kate Winslet, et le décor de Coney Island que j’ai visité en avril dernier me tentaient bien! J’attendrai sa sortie à la médiathèque.

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