Edna Pontellier est en vacances au bord de la mer, à Grand-Isle, avec ses enfants et son mari qui fait des aller-retours le week-end. Durant l’été, Edna rencontre Robert Lebrun dont elle tombe amoureuse. Cette relation platonique va éveiller les sentiments, les sens d’Edna. Elle se redécouvre, aspire à une vie nouvelle et indépendante. Sa soif de vivre va rendre son retour à la réalité très difficile. Son mariage et ses enfants lui pèsent et lui apparaissent comme des freins à son émancipation.
« L’éveil » a été publié en 1899 et la forte indignation que le roman provoqua, empêcha ensuite Kate Chopin d’écrire à nouveau. Cet émoi s’explique par le vent de liberté qui souffle sur la vie d’Edna. Bien qu’elle respecte son mari et ne veut pas lui causer de tort, elle comprend que ce mariage était une erreur : « Elle s’imaginait qu’ils avaient une communauté de goût et de pensée, ce en quoi elle se trompait. » A son retour de Grand-Isle, Edna délaisse sa maison, n’organise plus de soirées, ne rend plus les visites qu’on lui rend. Elle ne s’oblige plus à être une femme parfaite comme son amie Mme Ratignolle. Edna ne se sent plus être une épouse mais elle ne se sent pas non plus mère. Elle adore ses enfants mais ne serait pas prête à sacrifier sa personnalité pour eux. Ni son mari, ni ses enfants ne comblent le vide qu’Edna ressent.
Willa Cather parlait de « L’éveil » en le qualifiant de « Bovary créole ». Edna, comme Kate Chopin, évolue dans la haute société créole de la Louisiane. L’auteure était une admiratrice de Maupassant et de Flaubert. Les deux héroïnes, Edna et Emma Bovary, ont de nombreux points communs. Toutes deux trompent l’ennui de la vie quotidienne en ayant des amants, toutes deux se perdent dans des rêves romantiques. Mais, alors qu’Emma sombre, Edna se révèle, prend son élan. Une très belle scène du roman symbolise cela parfaitement. Lors de son été à Grand-Isle, Edna ose nager loin du rivage, plus loin qu’elle ne l’avait jamais fait. Un sentiment de liberté inouïe l’envahit alors et c’est cette sensation qu’elle essaiera de retrouver.
Dans un style très fluide, très agréable, Kate Chopin nous dépeint un an dans la vie d’Edna Pontellier, une année où la jeune femme tente de s’émanciper, d’échapper à une destinée toute tracée. Un roman féministe avant l’heure.
Traduction Michelle Herpe-Voslinsky
Oh punaise….et Flaubert a pu continuer a ecrire…et oui, tout un monde…en tout cas toute une bien belle histoire…;)
Ah! la femme et le désir ! un interdit qui perdure sous des formes diverses .
Je veux le lire depuis des années… J’imagine, vu le thème, que ça a fait parler à sa sortie.
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Je veux absolument le lire! Et hop! Encore un de plus dans ma PAL
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