Londres, 24 décembre 1843, Elizabeth Scrooge, prêteuse sur gage, exècre les fêtes, la joie et la bienveillance qui les accompagnent. Misanthrope, égoïste, radine et solitaire, Elizabeth Scrooge ne supporte personne et n’a aucune empathie pour les autres. Son entourage proche est traité de la même façon que les miséreux qui peuplent les rues de Londres. Son commis Cratchit lui arrache l’autorisation de ne pas travailler le jour de Noël mais ça sera bien entendu à ses frais. Sa nièce Frédérique lui propose de venir chez elle pour Noël ce qu’Elizabeth rejette avec brutalité. Pourtant, cette nuit du 24 décembre va bouleverser la vie d’Elizabeth Scrooge.
Vous avez bien lu, Scrooge s’appelle Elizabeth et non plus Ebenezer. José-Luis Munuera conserve la trame, les personnages du célèbre conte de Charles Dickens tout en le modernisant. Scrooge reste ce personnage antipathique au cœur sec. Mais le fait qu’il soit une femme modifie le regard que l’on porte sur lui. Elizabeth a été forcée d’arrêter l’école pour s’occuper de son père veuf et acariâtre. La place de la femme à l’époque victorienne est au foyer. Mais Elizabeth va réussir à déjouer les attentes de la société pour devenir une femme indépendante, ambitieuse et non soumise à un mari ou des enfants. Elle l’explique à la femme de Cratchit : « Dans ce monde, une femme n’a que peu d’options. En réalité, elle n’en a que deux. Être une sainte…ou une sorcière. » Elizabeth a bien entendu choisi la deuxième option et elle l’assume totalement. Elle est coriace et ne se laisse pas impressionner par les esprits de Noël, ni par Dieu. Scrooge a ici plus de nuances et la morale du conte n’est pas aussi nette que chez Dickens.
L’histoire est servie par un dessin splendide, les décors notamment, urbains et enneigés, sont particulièrement réussis. Les passages fantastiques sont à la hauteur de ce que Dickens a imaginé et sont saisissants.
La relecture du conte de Noël de Charles Dickens par José-Luis Munuera est savoureuse et pertinente. Elle interroge la place de la femme à l’époque victorienne et nous présente un personnage au fort caractère qui n’a pas l’intention de se renier. Un personnage qui est finalement moins détestable que son double masculin. Une très belle bande dessinée au graphisme remarquable.
Oh, faut que je lise maintenant, il est de saison 🙂
j’ai beaucoup aimé cette revisite du conte!
Lu et adoré !!! Un coup de coeur, une belle revisite du roman et intelligente, en plus 😉