Double V de Laura Ulonati

9782330174248

« Ma sœur est morte.

Elle s’est noyée dans l’Ouse.

Pas le Tibre, la Seine ou la Tamise,

rien de noble ou de surfait

pour charrier son corps, un simple gris de fleuve traversé de pays plats,

d’écueils et de monts, de pâles collines.

Même pas la mer pour théâtre de son naufrage :

avant de l’atteindre, les griffes des racines et les alluvions poisseuses

l’ont retenue dans leur jeu. 

Le jeu sans fin du courant,

d’une ode où il n’y a plus rien à sauver. » 

Virginia Woolf se suicide le 28 mars 1941 et sa sœur Vanessa Bell revient sur leur histoire commune. Deux vies en parallèle, en miroir qui oscillent entre amour fusionnel et rivalité personnelle et artistique. Les sœurs Stephen ont connu des drames (la mort de la mère, de leur sœur Stella, de leur frère Thoby, l’inceste) avant de se libérer du poids des pesantes conventions victoriennes. A la mort de leur père, elles créèrent le groupe de Bloomsbury avec des amis de leurs frères et transcendèrent leurs souffrances dans leur art respectif.

Laura Ulonati a eu l’excellente idée de donner la parole à Vanessa Bell, dont le travail de peintre est peu connu en France. Comme l’autrice, j’avais été ravie de découvrir qu’une section de l’exposition « Elles font l’abstraction » lui était consacrée. La vie de Vanessa Bell me fascine autant que celle de sa sœur et Laura Ulonati s’est parfaitement bien documentée. Elle montre une artiste en pleine création, ses tableaux prennent vie dans les pages de son roman et elle souligne également son évolution vers les arts décoratifs (Omega workshops fondé avec Duncan Grant et Roger Fry). Dans ce beau portrait de Vanessa Bell, je regrette seulement la profonde tristesse, le peu d’amour décrits par Laura Ulonati durant la période de Charleston.

« Double V » est un roman marquant en raison du style de Laura Ulonati. Celle-ci passe de la troisième personne du singulier à la première, elle insère des moments autobiographiques dans son texte pour évoquer sa propre sœur. Sa plume est poétique, intense, particulièrement sensorielle avec l’utilisation d’images singulières. J’ai aimé me plonger dans cette langue évocatrice, dans l’esprit de celle de Virginia Woolf.

Même si la biographie des sœurs Stephen m’est bien connue, j’ai apprécié la lecture du roman de Laura Ulonati qui rend hommage à deux femmes d’exception et dont les destinées sont captivantes.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.